31 janvier 2008, 20Minutes.fr

20Minutes.fr,
éditions du 30/01/2008 - 18h14





La guerre entre le Méliès
et MK2-UGC

Marin Karmitz, fondateur des cinémas MK2
MEIGNEUX / SIPA ¦ Marin Karmitz, fondateur des cinémas MK2
MK2 a déposé une plainte pour «injure publique» à propos d’une pub parue dans plusieurs journaux (20 Minutes, L'Humanité, et Montreuil Dépêche Hebdo) affirmant «UGC et MK2 attaquent le cinéma de Montreuil le Méliès» et rappelant l'affiche du film «Les dents de la mer», avec un requin — sous les traits de Karmitz — qui s'apprête à avaler un poisson rouge.

Entre grands réseaux de cinéma et petites salles, les hostilités étaient déjà déclarées. Entre le Méliès, le cinéma municipal de Montreuil (190.000 entrées en 2007), en banlieue de Paris, et MK2-UGC (qui détiennent à eux deux plus des deux tiers des salles parisiennes), la guerre n’en finit plus.

La cause de la rixe: la concurrence entre le Méliès et deux cinémas (MK2 Nation, 4 salles, et MK2 Gambetta, 6 salles) que Marin Karmitz, le fondateur de MK2, juge «déloyale». Celui-ci déplore que le Méliès, en tant que salle municipale d’art et d’essai, propose des tarifs moindres que ceux pratiqués par les MK2. Ce à quoi Stéphane Goudet, le directeur du Méliès interrogé par 20minutes.fr, répond: « Faire croire que Montreuil concurrence Paris, c’est appauvrir l’offre culturelle de la banlieue ! »

L’été dernier, le projet d’élargissement du Méliès (passage de trois à six salles et implantation dans de nouveaux locaux, toujours à Montreuil) a accentué l’ire de Martin Karmitz qui rappelle que les «travaux et le fonctionnement» de celui qu’il considère comme son concurrent seront «intégralement financés par des fonds publics.»



Combat de chiffres

Or, d’après Stéphane Goudet, « au total sur l'année, seules 16,58% des séances du MK2 Nation sont communes avec le Méliès.» Un pourcentage qui, selon MK2, serait bien supérieur: « plus de 30% de séances proposées au Méliès le sont également au MK2 Nation depuis janvier 2007 ».

Pourquoi cette différence de chiffres? Les deux camps ne font pas leurs calculs de la même façon. MK2 et UGC prennent les programmes de ciné et comptent les films communs à l’affiche chaque semaine avec le Méliès (cette semaine, trois avec le MK2 Gambetta ; deux avec le MK2 Nation). Quant au Méliès, il englobe dans ses comptes les séances des scolaires, que ne comptabilise pas MK2.


Rebond

Le conflit s’est encore envenimé cette semaine. Mardi, à la fin d’une conférence de presse organisée par MK2, les journalistes ont été invités par les organisateurs à sortir par l’arrière. La raison : éviter la rencontre avec Stéphane Goudet, posté à l’avant, désireux de distribuer les chiffres contradictoires sur son cinéma aux journalistes présents.

Samedi dernier, un autre événement a assuré le spectacle. Le collectif Renc'Art, qui soutient l'extension du cinéma de Montreuil, avait appelé à une manifestation près du MK2 Bibliothèque, dans le 13ème arrondissement, pour s’opposer au recours déposé par MK2 contre le projet du Méliès. Alors qu’une bousculade oppose contestataires et employés, Jean-Pierre Brard (le maire PCF de Montreuil qui milite aux côtés du Méliès) aurait mordu l'un des employés du MK2 qui s'interposait, s'indigne MK2, qui a porté plainte. Le maire de Montreuil, lui, a démenti tout usage de «violences physiques» et parle de «pures affabulations».

Alice Antheaume


Le cinéma Jean Mermoz à Muret en danger

Rejoignez le Comité de Soutien !
Le cinéma Jean Mermoz, à Muret (près de Toulouse)
qui poursuit depuis des lustres un précieux travail
est à son tour en grand danger...
Les municipales approchent, il faut se mobiliser vite !
Merci de faire circuler l'info le plus largement possible.
Nicolas Philibert



Pour un " Grand Mermoz" !


L'Association Vive le cinéma à Muret, qui gère depuis 20 ans les deux salles du cinéma de proximité Jean Mermoz, lance le projet d’un « Grand Mermoz », à proximité du centre ville de Muret : 4/5 salles confortables (gradins, écrans larges), hall spacieux et convivial, restaurant/salon de thé, parking. Nous avons à nos côtés un investisseur, la SAGEC et d’autres investisseurs institutionnels.

Ce projet s’appuie sur les résultats d'une étude de marché réalisée en 2007 par le Cabinet Hexacom : la zone sud ouest de l’agglomération toulousaine, qui inclut Muret et les 45.000 spectateurs du Mermoz, représente un marché de 250.000 à 300.000 entrées par an , soit un équipement de 4/5 salles.


Un multiplexe de 10 salles à Roques-sur-Garonne (5 kms du Mermoz) et un multiplexe Kinepolis de 11 salles à Muret (2 km du Mermoz) vont demander l'autorisation de s'installer lors d'une prochaine CDEC.

Leur installation aurait un effet dévastateur sur le réseau existant (bien au-delà de Muret), sans garantie de rentabilité, ce qui conduira à moyen terme à la disparition de toutes les salles de la zone concernée.

La conséquence pour le cinéma Mermoz : même subventionné, il disparaîtra car il n'aura plus accès aux films en sorties nationales, aux films porteurs et même d'auteurs !

Il faut donc convaincre Monsieur le Maire de Muret de l'adhésion de l'ensemble des professionnels, des élus, de la population du muretain à ce projet « Grand Mermoz », auquel il ne manque plus que le terrain !

Notre projet n'a pas pour vocation de diminuer la part de marché des établissements existants, mais de participer au mieux à l’aménagement culturel et commercial de notre zone de chalandise pour la meilleure satisfaction de la population.


Rejoignez le Comité de Soutien !

Oui, je soutiens le projet de création d'un " Grand Mermoz ", à proximité du centre ville, projet initié par l'association Vive le Cinéma à Muret ;

Je demande à la Ville de Muret de prendre en compte ce projet dans le cadre de l'aménagement de la commune.

J' accepte que mes coordonnées soit publiées dans le cadre d'un comité de soutien :

NOM :
PRENOM :
Profession / Titre ou Qualité :


Merci de diffuser cet appel pour renforcer ce comité de soutien

Télécharger le formulaire ici
A renvoyez à l'adresse mail : cine.mermoz@wanadoo.fr
Ou par courrier : Vive le Cinéma à Muret,
Bp70 3 boulevard Aristide Briand
31600 MURET


30 janvier 2008, en provenance des deux ministères : communication en Conseil des ministres sur l'éducation culturelle et artistique

Paris, le 30 janvier 2008

Communication en Conseil des ministres
sur l’éducation culturelle et artistique

Le ministre de l’Education nationale et la ministre de la Culture et de la Communication ont présenté ce jour en Conseil des ministres une communication conjointe relative à la généralisation de l’éducation artistique et culturelle. Ils ont exprimé l’enjeu que constitue l’éducation artistique et culturelle pour la politique de civilisation et affirmé la nécessité de renforcer leur partenariat avec les autres départements ministériels ainsi qu’avec l’ensemble des collectivités locales.


Un enseignement d’histoire des arts sera introduit dans les disciplines existantes, à l’école primaire, aussi bien que pour le collège et le lycée. Au collège, en particulier, l’histoire des arts représentera un quart du programme d’histoire et la moitié des programmes d’éducation musicale et d’arts plastiques et le brevet des collèges comprendra désormais une épreuve obligatoire d’histoire des arts. La pratique artistique sera également renforcée à l’école et hors de l’école. L’accompagnement éducatif après 16h sera étendu à tous les collèges et aux écoles primaires de l’éducation prioritaire dès la rentrée 2008. Un accompagnement en postes d’enseignants sera également proposé aux collectivités territoriales afin de multiplier par quatre le nombre de classes à horaires aménagés, qui passeront de 200 à 800 cursus en cinq ans. Elles seront élargies au théâtre et aux arts plastiques et développées en particulier dans les établissements de l’éducation prioritaire. Le partenariat avec les collectivités locales visera à l’augmentation des capacités d’accueil d’élèves, pour des cours et des ateliers, dans les écoles territoriales de musique, de danse, de théâtre et d’art.


Le contact avec les œuvres, les artistes et les institutions culturelles sera systématiquement recherché : le temps passé en milieu scolaire par les artistes en résidence sera augmenté, les visites culturelles seront développées avec l’objectif que tout élève puisse se familiariser avec les institutions locales et nationales. Les projets d’école et d’établissements devront tous intégrer, d’ici septembre 2009, un volet culturel élaboré en partenariat avec les institutions culturelles, faisant ainsi de l’établissement scolaire l’un des pivots essentiels de la politique culturelle conduite par le gouvernement.


Une offre nouvelle de formation et de ressources pédagogiques sera déployée. Le ministère de la Culture et de la Communication mobilisera le réseau des grands établissements culturels et des écoles d’art et d’architecture pour proposer sur tout le territoire des offres de formation, en relation avec les plans académiques de formation. Dès la rentrée 2008, la gratuité sera accordée aux professeurs pour l’entrée dans tous les musées et monuments nationaux dépendant de la Culture et de l’Enseignement supérieur. Un grand portail interministériel de l’éducation artistique et culturelle sera créé pour offrir à la communauté scolaire la ressource numérique produite par les institutions culturelles et par l’Education. Dans le premier semestre 2008, les chaînes publiques seront invitées, à travers la révision de leur cahier des charges, à développer et diversifier leur offre pour l’éducation artistique et culturelle, en particulier en matière de vidéo à la demande (VOD).


Contacts presse :
Ministère de la Culture et de la Communication
Paul Rechter: 01 40 15 38 88

Ministère de l’Education Nationale
Nicolas Baudot : 01 55 55 10 10

30 janvier 2008 : Communication du gouvernement, l'éducation artistique et culturelle

Extrait du communiqué diffusé
par le gouvernement
à l'issue du Conseil des ministres
du 30 janvier 2008

au chapitre "communications" (autres chapitres : "projets de loi" ; "ordonnance")
titre : L'éducation artistique et culturelle



Le ministre de l’éducation nationale et la ministre de la culture et de la communication ont présenté une communication relative à l’éducation artistique et culturelle.

Ils ont souligné l’enjeu que constitue l’éducation artistique et culturelle dans le cadre d’une politique de civilisation et affirmé la nécessité de renforcer leur partenariat avec les autres départements ministériels ainsi qu’avec l’ensemble des collectivités territoriales.

Un enseignement d’histoire des arts sera intégré aux programmes d’histoire, de lettres et de langue, dès la rentrée 2009 pour l’école primaire, et en 2009-2010 pour le collège et le lycée. Au collège, en particulier, l’histoire des arts représentera un quart du programme d’histoire et la moitié des programmes d’éducation musicale et d’arts plastiques ; le brevet des collèges comprendra désormais une épreuve obligatoire d’histoire des arts. Une adaptation des concours de recrutement et de la formation initiale et continue des enseignants accompagnera cette évolution des programmes, tandis que les certifications complémentaires en histoire des arts seront significativement développées.

La pratique artistique sera également renforcée à l’école et hors de l’école, notamment au sein des activités menées dans le cadre de l’accompagnement éducatif des élèves après 16 heures. Celui-ci sera étendu à tous les collèges et aux écoles primaires de l’éducation prioritaire dès la rentrée 2008. Un accompagnement en postes d’enseignants sera proposé aux collectivités territoriales responsables des écoles de musique et de danse afin de multiplier par quatre le nombre de classes à horaires aménagés, qui passeront de 200 à 800 cursus en cinq ans. Ces classes seront élargies au théâtre et aux arts plastiques et développées en particulier dans les établissements de l’éducation prioritaire. Le partenariat avec les collectivités locales visera à l’augmentation des capacités d’accueil d’élèves, pour des cours et des ateliers, dans les écoles territoriales de musique, de danse, de théâtre et d’art.

Le contact avec les œuvres, les artistes et les institutions culturelles sera systématiquement recherché. L’objectif sera en particulier que chaque élève ait pu se familiariser, au cours de sa scolarité, avec les grandes institutions culturelles nationales et locales. Les projets d’école et d’établissement devront tous intégrer, d’ici septembre 2009, un volet culturel concernant tous les élèves, élaboré en partenariat avec les institutions culturelles, faisant ainsi de l’établissement scolaire l’un des pivots essentiels de la politique culturelle conduite par le Gouvernement.

Une nouvelle offre de formation et de ressources pédagogiques sera déployée. Le ministère de la culture et de la communication mobilisera le réseau des grands établissements culturels et des écoles d’art et d’architecture pour proposer sur tout le territoire des offres de formation, en relation avec les plans académiques de formation. Dès la rentrée 2008, la gratuité sera accordée aux professeurs pour l’entrée dans tous les musées et monuments nationaux dépendant des ministères de la culture et de l’enseignement supérieur.

Un grand portail interministériel de l’éducation artistique et culturelle sera créé pour offrir à la communauté scolaire la ressource numérique produite par les institutions culturelles et par l’éducation nationale. Au cours du premier semestre 2008, les chaînes publiques seront invitées à développer et diversifier leur offre pour l’éducation artistique et culturelle, en particulier en matière de vidéo à la demande.

26 janvier 2008, rassemblement des défenseurs du Méliès devant MK2 Bibliothèque

Source : www.montreuil.fr
Signez la pétition de soutien au Méliès ici


L'excellence cinématographique
a droit de cité à Montreuil

Une nouvelle opération de soutien au cinéma municipal Georges-Méliès organisée par l'association Renc'art au Méliès a mobilisé plus de trois cents personnes, samedi 26 janvier devant le cinéma MK2 Bibliothèque. Cette manifestation à l’esprit bon enfant visait à sensibiliser le public aux menaces que font peser les groupes UGC et MK2, par leurs recours juridiques, sur le cinéma art et essai de Montreuil.



« La banlieue aussi a droit à l'excellence », tel était le message inscrit sur la grande banderole déployée sur le parvis du cinéma MK2 Bibliothèque. Car c’est bien l’offre d’un cinéma de qualité et la diversité du 7e art qui sont mises en danger par les accusations de concurrence déloyale formulées par les groupes UGC et MK2 à l’encontre du cinéma Georges-Méliès de Montreuil. Des accusations démenties par une récente analyse statistique des programmations comparées du Méliès, du MK2 Nation et de l'UGC de Rosny-sous-Bois rendue publique et qui confirme les très fortes différences entre ces cinémas en matière de programmation, de politique d'animation et de formation du jeune public.


C’est cette réalité là que les défenseurs du Méliès étaient venus porter ce samedi 26 janvier, une fois encore sans agressivité, bien au contraire. En musique, sur fond de théâtre de rue, de lâcher de ballons aux couleurs du Méliès et de distribution de pop corn, une pétition et des tracts ont été proposés aux passants qui ont été à l’écoute. Au cœur de l’animation, les comédiens et échassiers vêtus de rouge de l’Académie des arts du spectacle ont réinterprété le " drame " du Méliès façon Commedia dell’arte.




Près de 14 000 signataires de la pétition et des soutiens prestigieux


Ce rassemblement imaginatif a eu pour effet d’attirer la curiosité des passants et spectateurs du MK2 qui ont ainsi pu être informés des recours juridiques posés par UGC et MK2 contre le projet d’agrandissement du cinéma municipal montreuillois. La bonne humeur régnante n’a cependant pas été partagée par tous, le groupe MK2 ayant déclaré à la presse que des violences ont été commises lors de ce rassemblement et ayant mis en cause le député-maire de Montreuil. « C’est une polémique grotesque, une plainte absurde, une attitude mesquine, s’insurge Jean-Louis Le Gall, président de l’association Renc’Art au Méliès. La journée s’est déroulée de façon souriante, civique, citoyenne et culturelle. ».


Point de violence donc, mais une arme : l’humour. C’est donc par un clin d’œil que s’est achevée la manifestation, sur la passerelle Simone-de-Beauvoir. En référence à la campagne de presse menée début janvier dans laquelle MK2 et UGC étaient présentés en requins des Dents de la mer, deux requins en carton à l’effigie des deux groupes ont été jetés dans la Seine.


Ainsi donc grâce à la mobilisation de son public et de la population montreuilloise, le combat pour la défense du Méliès se poursuit. La pétition en faveur du cinéma municipal a obtenu près de 14.000 signatures et le soutien massif des professionnels du cinéma est plus que significatif . En effet, de nombreux distributeurs indépendants, 158 cinéastes français (Ozon, Desplechin, Tavernier, Breillat, Varda...) et internationaux dont 8 Palmes d'or (Lynch, Dardenne, Kiarostami, Rosi, Angelopoulos, Wenders...) s’associent à la cause du cinéma Méliès.

25 janvier, à Bron

Vendredi 25 janvier 2008
Cinéma les Alizés à Bron
Un moment fort en vue
des prochaines échéances électorales



Les élus ont entendu les directeurs des salles de cinéma de proximité




Lors de la table ronde « Quel avenir pour les cinémas de nos villes et pour la diversité culturelle ? » quatre réseaux régionaux de cinémas d’art et essai ont échangé de façon constructive avec leurs partenaires et les élus.

En présence d’un large public de 150 personnes, dont de nombreux élus locaux, des responsables des services culturels, mais également des animateurs de cinéma, des responsables de structures et d’associations impliquées dans l’éducation et la diffusion de l’image, les intervenants ont rappelé le rôle et l’importance des salles de cinéma de proximité pour la diffusion de l’œuvre cinématographique en France, mais ont aussi alerté sur la crise que traversent ces lieux essentiels à la diversité culturelle et à l’aménagement du territoire.

Mme la Conseillère déléguée à la Culture au Conseil régional Rhône-Alpes, Najat Vallaud Belkacem, tout comme, M. le Vice-président, chargé de la coordination du pôle finances et moyens au Grand-Lyon, Jacky Darne ont rappelé l’engagement des élus des collectivités territoriales sur ces dossiers et ont rappelé leur soutien.

Nous avons eu le plaisir d’entendre quelques voix de cinéastes comme Jean-Pierre Améris et Eric Guirado qui ont parlé de leur engagement, de leur amour pour la salle de cinéma et de la reconnaissance du travail de proximité et de convivialité effectué dans nos salles.

Colette Périnet (GRAC), Jean Nosenzo (ACRIRA), Frédérique Lemenand (Les Ecrans) et Alain Déléage (Plein Champ) au nom des associations régionales de salles souhaitent remercier les intervenants :

  • François Aymé, directeur du cinéma Jean Eustache à Pessac,
  • Grégory Faes, directeur de Rhône-Alpes Cinéma,
  • Jean-Michel Gevaudan, délégué Général de l’ADRC,
  • Eric Vicente, Programmateur chez Sophie Dulac distribution,
et bien sûr Jean-Jacques Bernard, journaliste et modérateur de la table ronde,
pour leur intervention qui a contribué à animer et étoffer le débat.

Première action concrète, une opération de sensibilisation du grand public :

Le vendredi 22 février 2008 l’écran restera noir, dans une grande partie des salles d’art et d’essai et de proximité, afin d’alerter le public sur les dangers qui guettent nos salles, en lieu et place de la séance de cinéma du soir, pendant la cérémonie des César.

A suivre !



GRAC - 24 rue Emile Decorps - 69100 VILLEURBANNE
Tel. 04 78 42 78 97 - Fax. 04 78 42 79 22 - www.grac.asso.fr - forum@grac.asso.fr

23 janvier 2008, Télérama

Y a-t-il encore un ministre à la Culture ?


Christine Albanel humiliée, une politique "notée" par un cabinet privé, un projet de réorganisation calqué sur le modèle de l'entreprise... La Rue de Valois survivra-t-elle au culte de la performance ?


Christine Albanel. Photo : Olivier Roller.



Le spectacle est désolant. Des rumeurs de départ de la ministre sans cesse relancées, et cela depuis sa nomination, des conseillers officiels ou officieux imbus de leur personne, distillant le poison sans le moindre sens du service de l'Etat ou de leur dignité, des prétendants à la succession faisant honteusement la roue ou le pied de grue sous les fenêtres du président, un président qui, un jour, adresse à sa ministre une lettre de mission quasiment humiliante et, le surlendemain, annonce en sa présence, et devant une presse médusée, la fin de la publicité sur les chaînes de la télévision publique ; il semble bien que la ministre en question n'ait été ni consultée ni informée. Et ce n'est rien dire de l'extravagant projet, rendu public il y a quelques jours à peine, de notation trimestrielle du ministère et de sa titulaire (1) sur la base de seize critères non moins extravagants, tels que l'évolution de la fréquentation des musées dont l'entrée est gratuite, la part de marché des films français sur le territoire national, le nombre de fichiers audio ou vidéo piratés...

Comme si Christine Albanel, en admettant qu'elle le veuille, y pouvait grand-chose, alors que dans le même temps, on s'ingénie, au sommet de l'Etat, à lui couper bras et jambes. Certes, à quelques mois des élections municipales et d'un remaniement ministériel donné comme très probable, la notation des ministres permettra - on l'imagine - d'élever les uns ou d'écarter les autres. Mais là n'est pas l'essentiel.





Christine Albanel ne s'honorerait-elle pas en remettant sereinement sa démission à un président qui, soit n'a pas besoin d'elle, soit ne lui fait pas confiance ?





Si ce tableau de bord avait été établi par le Parlement, précisément élu - faut-il le rappeler ? - pour contrôler l'action du gouvernement et des ministres, le mal eût été moindre et les apparences, sauves. Seulement, ce tableau de bord est assez largement l'oeuvre d'un cabinet de stratégie privé, Mars & Co, sollicité par les services du Premier ministre et opérant avec une méthodologie et une logique propres à l'univers de l'entreprise privée. Comme s'il n'y avait plus aujourd'hui la moindre différence de nature entre un Etat et une entreprise et que leurs finalités étaient devenues à peu près identiques. Les cabinets ministériels, nous dit-on pour nous rassurer, ont été associés à la définition de ces critères (2). Qu'en avons-nous à faire puisqu'ils n'existent que pour répondre aux injonctions du pouvoir politique ? On nous dit encore qu'il n'y a pas de raison pour que la dépense culturelle de l'Etat ne fasse pas l'objet d'une évaluation rigoureuse et régulière. C'est mille fois juste, mais qui en maîtrise les outils et la méthode ? Et à quel titre et pour quelle finalité ? On nous dit enfin qu'il n'y a pas lieu de craindre les chiffres ni les statistiques puisqu'ils ne font que traduire la réalité. Oui, mais alors quel est ce monde dans lequel nous devrions vivre avec un tableau de bord trimestriel en guise de boussole ? Et qui nous fera croire que l'activité publique peut être mesurée quasiment en temps réel sous les yeux émerveillés ou scandalisés du citoyen-télé-consommateur qui saurait enfin où va l'argent de ses impôts ? Tout s'embrouille et nous embrouille. Rien n'est vraiment à sa place dans cette affaire, le privé/le public, le politique/le comptable, le président/la ministre, le langage/la communication, l'art/les industries culturelles, le temps court/le temps long... Et d'ailleurs, qui est aujourd'hui ministre de la Culture et de la Communication ? Nul ne jurerait plus que c'est encore Christine Albanel, dont on en vient à se demander si elle ne s'honorerait pas en remettant sereinement et fermement sa démission à un président de la République qui, soit n'a pas besoin d'elle, soit ne lui fait pas confiance.

Peut-être en temps normal n'y aurait-il pas lieu de s'alarmer de ce désordre singulier dans la conduite des affaires publiques. Il se trouve que le ministère de la Culture et de la Communication est engagé, avec d'autres ministères, et à la demande du président de la République, dans le considérable chantier de la RGPP, c'est-à-dire la révision générale des politiques publiques.

Ce projet, formellement sans rapport avec l'évaluation mentionnée plus haut, est présenté comme l'un des enjeux majeurs du quinquennat. C'est le Premier ministre qui l'annonce le 10 juillet dernier. Piloté conjointement par l'Elysée et Matignon, le chantier a pour objets la remise à plat du fonctionnement de l'Etat, le retour à l'équilibre des finances publiques à l'horizon 2010-2012, l'amélioration de la performance de la dépense publique et une réduction conséquente du nombre des fonctionnaires (3). Il s'agit d'imposer au cœur de l'action publique la culture du résultat, largement inspirée une fois encore du modèle entrepreneurial. Concernant le ministère de la Culture, plusieurs grandes orientations sont d'ores et déjà retenues par le Conseil de la modernisation des politiques publiques, que préside Nicolas Sarkozy. Elles ont été officialisées le 12 décembre dernier. Il s'agit entre autres d'une réforme substantielle de l'administration centrale, devant passer de dix à quatre ou cinq directions, de la création d'une direction des industries culturelles et des technologies, d'une plus grande autonomie des grands opérateurs culturels, tels que musées ou grands lieux patrimoniaux, en échange d'un plan pluriannuel de performance... Une seconde étape de modernisation est annoncée pour le printemps prochain, le tout devant être mis en place d'ici à 2011. Pareille réforme, si du moins l'enjeu est bien la seule rénovation de la Rue de Valois et non son démantèlement progressif, exigerait au minimum une ou un ministre assuré de sa longévité, d'un poids politique certain et d'une grande liberté de décision et de négociation. Pour l'heure, nous en sommes loin et c'est ce qui nourrit le soupçon. Où veut-on en venir au juste ?

Outre qu'il est politiquement fragile, tout donne à penser que le ministère de la Culture et de la Communication ne maîtrise pas son devenir et qu'il n'est plus en capacité de faire prévaloir au plus haut niveau de l'Etat une manière d'exception culturelle lui permettant de préserver certaines de ses spécificités. Est-ce à dire qu'il est dispensé jusqu'à la fin des temps de rendre des comptes ? Evidemment non. D'ailleurs, même s'il le fait imparfaitement, il le fait infiniment plus qu'on ne le dit ; il n'existe pas d'établissement culturel de quelque importance qui ne doive d'une manière ou d'une autre justifier ses subventions et l'usage qu'il en fait. Seulement, tout comme l'Education ou la Santé, et peut-être même davantage qu'elles deux, ce ministère ne résistera pas longtemps au rouleau compresseur des chiffres, de la statistique, voire de la RGPP qui s'annonce. Ou alors, il sera devenu un haut commissariat aux industries culturelles.

Pourquoi cela ? Parce qu'il est par nature un ministère de l'offre et non de la demande. Au seul regard de la demande du public, il n'y a pas de légitimité ni vraiment de sens à ce que l'Etat soutienne d'une manière quelconque la littérature de création, le spectacle vivant, les librairies indépendantes, le cinéma d'auteur, la musique contemporaine, l'intervention d'artistes dans des lieux de réclusion ou n'importe quelle forme de création. Il y a même de l'inutilité à le faire ; c'est le périmètre de gratuité de l'intervention publique. Le veut-on ou ne le veut-on plus ? L'ennui dans cette histoire, c'est que la Rue de Valois tout comme la gauche culturelle ont longtemps méprisé toute espèce de réflexion autour de l'évaluation de leurs actions au seul motif que l'art et la culture n'ont pas de prix. Et quand il aurait fallu réinventer une politique culturelle et repenser un service public de la culture pour le troisième millénaire, tous ou presque ont attendu qu'on les leur impose. Nous y voilà. Peut-être voyons-nous apparaître les premiers signes de la rupture tant annoncée par Nicolas Sarkozy au fil de sa campagne électorale.

Daniel Conrod
(1) Ce nouveau mode d'évaluation concerne l'ensemble des ministères et des ministres.

(2) En novlangue administrative, on appelle cette pratique une « fertilisation croisée des compétences ».

(3) 350.000 fonctionnaires devraient partir à la retraite dans les quatre ou cinq prochaines années. S'agissant du ministère de la Culture, on parle d'un millier de départs sur la même période.

17 janvier 2008, l'Humanité

Rencontres


Inquiétudes transversales
par Jean Roy

Plus de trois cents professionnels du cinéma se sont retrouvés vendredi dernier au Saint-André-des-Arts.


C’était, vendredi, au Saint-André-des-Arts, à Paris, salle de cinéma emblématique de ce que la curiosité d’un homme, Roger Diamatis, a pu apporter sur les écrans de l’art et essai pendant des décennies. Plus de trois cents personnes étaient là, venues de toute la France, chacune représentative de cet esprit d’indépendance qui permet à tout le cinéma d’exister. Car, pour qu’il y ait des films, il faut des producteurs, des réalisateurs, des techniciens, des comédiens (ils étaient là), mais aussi des distributeurs, des exploitants, des festivals, des ciné-clubs, des critiques, des enseignants, des structures, des associations, conditions « ciné qua non » pour avoir à l’arrivée l’essentiel… des spectateurs.

Parmi les inquiétudes, la baisse importante des crédits d’État alloués à la diffusion culturelle cinématographique ; l’incertitude quasi totale pour les porteurs de projets quand aux apports respectifs du ministère de la Culture, via les crédits déconcentrés en DRAC, et du CNC, appelé à la rescousse dans une grande improvisation ; l’annonce d’une révision générale des politiques culturelles, dont on ne connaît ni les orientations ni les conséquences, quant à l’avenir des DRAC ; une véritable incertitude quant aux liens futurs entre le ministère et le CNC. Chacun, à son niveau, se sent menacé. Paranoïa ? Certainement pas. Preuve en a été fournie par un employé du ministère scandalisé par les consignes internes et les méthodes prescrites pour couper dans l’aide publique, qu’il a pris le risque de dévoiler. Trois heures n’ont pas été de trop pour que ceux qui le souhaitaient puissent s’exprimer. Formidable échange qui a permis - bien que tous soient peu ou prou d’accord sur le diagnostic dès le départ comme il est obligé dans ce genre de rencontres - de mesurer, dans leur complémentarité, la variété des situations comme le désir de riposter ensemble.

C’est ainsi qu’on a pu entendre, parmi d’autres, Philippe Germain, délégué général de l’Agence du court métrage ; Eugène Andréansky, délégué général des Enfants de cinéma ; Olivier Bruand, délégué général du Groupement national des cinémas de recherche ; Gilles Sacuto, producteur ; Éric Guirardo au nom de la Société des réalisateurs de films ; Geneviève Troussier, présidente de l’Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche ; Séverine Rocaboy, présidente de l’Association des cinémas de recherche de l’Île-de-France ; Christian Odos, pour le Syndicat des distributeurs indépendants ; Dominique Bax, présidente de Carrefour des festivals ; Claude Michel pour la CGT spectacle ; Janine Bertand pour les ciné-clubs ; Claire Vapillon, vice-présidente de la FFMJC, etc, et noter la présence indéfectible du sénateur Jack Ralite.

Sur le champ ont été actées la création d’un collectif national de l’action culturelle cinématographique et la demande faite au ministère de rencontrer les professionnels des filières de l’action culturelle cinématographique. Un appel a été lancé à signature à partir d’un texte commun.

Pour en savoir davantage : http://cinema-diversite-culturelle.blogspot.com



***



Points de vue
Arnaud Meunier, metteur en scène

C’est la défense de nos imaginaires qui est à défendre collectivement. On nous martèle qu’il y aurait trop de compagnies, trop de spectacles, trop d’acteurs. C’est un argument politique puissant. Pour des raisons d’économie qui n’échappent à personne, les saisons théâtrales excluent les vacances scolaires ; les théâtres ouvrent et ferment de plus en plus tôt. Ajoutez la crise de l’intermittence, la remise en cause des conventions collectives ainsi que l’érosion mécanique des budgets, tous ces symptômes conduisent à l’asphyxie complète du système. Quand Paris se transforme en une espèce d’Avignon off permanent, quand jouer à Paris fait perdre de l’argent aux compagnies, il y a urgence à harmoniser les politiques publiques en faveur du spectacle vivant, urgence à créer des outils opérants qui accompagnent la création.



Robin Renucci, comédien

Manifeste d’intérêt général pour une politique d’éducation artistique durable et concertée (extraits) :

Nous dénonçons La discontinuité de l’action de l’État au gré des alternances démocratiques ; l’érosion actuelle des budgets de l’État consacrés aux arts et à la culture dans leur dimension éducative ; les écarts entre les paroles et les actes.

Nous voulons :

  • face à une vision réductrice et normalisatrice de la réussite scolaire, que l’éducation de nos enfants réconcilie et valorise toutes les formes d’intelligence ;
  • face aux assauts quotidiens de la marchandisation, que nos enfants apprennent à distinguer une oeuvre d’un produit ;
  • dans une société du divertissement et de la médiatisation, que nos enfants aient toujours le choix des arts et de la culture ;
  • dans une société fragmentée, que la diversité des esthétiques et des pratiques soit une chance et une arme contre les déterminismes.

Nous affirmons :
  • que le chantier de l’éducation artistique doit être une priorité nationale ;
  • que l’éducation artistique conjugue nécessairement un projet pédagogique, un projet artistique et un projet culturel dans un cadre éducatif partagé. Sa mise en oeuvre concerne tous les professionnels et tous les acteurs des métiers de l’éducation des arts et de la culture, comme tous les responsables et les élus des politiques publiques de l’État et des collectivités territoriales.

(…) Nous sommes convaincus que l’éducation artistique contribue à la construction et à l’épanouissement de chaque individu tout en créant du lien social et politique.

Texte prononcé le 11 janvier, au Saint-André-des-Arts.
L'Humanité
- 17 janvier 2008







15 janvier 2008, France Inter "Esprit critique" : en réponse toute personnelle…

En réponse, toute personnelle,
à certains principes énoncés comme étant « de droit »
lors du débat sur le cinéma
au sujet des salles de circuits et des salles art et essai

sur
France Inter, mardi 15 janvier 2008, de 9h10 à 9h35,
Esprit Critique
- journaliste Vincent Josse.
Invités : Alain Sussfeld, directeur général d'UGC
Xavier Blom, AFCAE, administrateur de l'Association française
des cinémas d'art et d'essai,programmateur
de plusieurs salles parisiennes et directeur du cinéma de Massy.

émission à réécouter ici


Karine Prévoteau



« Personne ne peut figer un mouvement, ni détenir, seul, l’exactitude et le monopole, du passé, du présent et de l’avenir de ce mouvement, un mouvement en faveur de la diffusion et de la transmission d’œuvres cinématographiques singulières, innovantes, autres »



I. L’art et essai ne se réduit pas à un Kbis.

Statut privé ? Statut public ?
Une salle de cinéma de proximité, dans un quartier de grande ville, dans les petites villes et les villes moyennes, dans les zones rurales, ne se réduit pas à un statut juridique, à un récépissé scellé par une chambre de commerce, une préfecture, un centre des impôts.

« L’art et essai » n’est pas plus un statut juridique, un récépissé d’inscription en bonne et due forme auprès d’une chambre de commerce, d’une préfecture, d’un centre des impôts, régissant une activité.

Les salles de cinéma indépendantes en France s’identifient pour leur plus petit dénominateur commun par leur « non appartenance » à un circuit, et pour un autre dénominateur encore largement commun – même si il y a différentes pratiques professionnelles – par « une salle de cinéma indépendante = une programmation indépendante » et non pas la réception hebdomadaire d’une feuille de route en terme de programmation en provenance d’une seule direction, sur un mode vertical et intégré.


Alors oui, une salle de cinéma indépendante en France, peut être une société, une association, une régie municipale, une activité adossée à une scène nationale (certes bénéficiant des « murs » de la scène nationale et ayant accès à un bureau, une photocopieuse, un fax, un programme, et c’est déjà beaucoup, mais activité n’étant en aucun cas financée pour le moindre centime d’euro par les crédits dédiés au spectacle vivant via la ligne budgétaire de crédit culture « scène nationale »). Une salle de cinéma peut être aussi une délégation de service public sur appel d’offre émanant de collectivités locales par la mise en concurrence de candidatures émanant de sociétés, d’associations.


« L’art et essai », dans sa diversité, sa richesse, son aspect recherche, son aspect découverte, est depuis plus de cinq décennies une manière de découvrir les films, une manière de les montrer, une manière de tisser des liens avec les publics, une manière de permettre à des auteurs de construire leur cinématographie dans le temps.

Ni Pedro Almodovar, ni Ken Loach, ni Nicolas Philibert, ni Arnaud Desplechin, ni David Lynch, ni Abbas Kiarostami, pour n’en citer quelques uns n’ont construit leur œuvre en un jour, une année, une décennie…

Le temps de maturation d’une œuvre peut être celui du temps de maturation d’un mouvement, comme celui de l’art et essai, en France, et en aucun cas le temps d’un « statut juridique » d’un groupe de salles type multiplexes qui vient à peine de passer sa dizaine d’années et combien même ce serait douze ou treize…


Et il y a une décennie, voir un peu plus, mais pas beaucoup plus, l’ère des salles de cinéma « au statut juridique » couvrant le champ des multiplexes, était encore une ère très jeune, balbutiante, dans le paysage de la diffusion des films et cela, avant les cartes illimitées, qui certes devaient déjà être dans les tuyaux du groupe UGC.


Une salle de cinéma, un statut juridique se rattachant « au privé » ou « au public ».
« L’art et essai », un statut juridique, de surcroît, réduit (au très important) mais seul lieu de diffusion des films ?
Alors quoi ?


L’art et essai, qui se pensait peut-être déjà comme tel mais qui ne se nommait pas comme tel, (se nommait-il d’ailleurs ?) est un mouvement dont on peut retrouver la genèse dès les années 20. Bientôt neuf décennies !

Ses pionniers ? Des cinéastes, des écrivains, des critiques…

L’un des actes fondateurs (car il y en a d’autres) de « l’art et essai » au début des années 50, est ce mouvement porté par 5 salles parisiennes et des critiques de cinéma ; il ne peut être considéré comme étant fondateur que de notre point de vue, aujourd’hui, soit 5 décennies plus tard.


Car ils auraient pu très vite disparaître les « moins de dix » qui ont été cette forme de proposition, un « mouvement », une manière de faire, en marche.


Aujourd’hui, ils sont des centaines d’acteurs de l’art et essai, d’opérateurs, d’intervenants. Des salles, des cinéastes, des associations de salles, des associations de bénévoles, des médiateurs culturels et d’éducation à l’image qui œuvrent pour les films et pour les publics.


L’art et essai n’est pas un Kbis. L’art et essai n’est pas seulement une liste de clauses, peu à peu institutionnalisées, et réglementées par des textes classés sur les rayonnages du Centre national de la cinématographie.

L’art et essai, la recherche, la découverte forment un mouvement, lancé il y a plus de cinq décennies et plus avant encore.






II. Stratégie « d’extension significative du champ du spectre de la diffusion » du groupe UGC : dommages collatéraux pour les films et les auteurs.

Quant au « gros effort » en terme de diffusion de « films art et essai » notamment « dans des régions pas du tout évidentes » opéré – entre autres – par les salles UGC (le mardi 15 janvier, ils l’affirment comme tel sur les ondes de France Inter), couplé à la volonté affichéepar l’entreprise UGC « d’étendre significativement le champs du spectre de la diffusion et notamment art et essai », voici enfin nommée une stratégie offensive d'hégémonie déjà à l’œuvre depuis les années 2000.

Prenez un premier film, (je parle de ce que je connais, à vous, si vous le souhaitez, de faire part de vos propres expériences en la matière, à moins que je sois un cas isolé? Bizarre… ).

Ce premier film se nommerait
l’Arbre aux cerises de Marc Recha, que j'ai distribué.

Nous sommes en 1998. Le mouvement « art et essai » s’en empare. Le mouvement « art et essai » ? L’AFCAE – Association française des cinémas d'art et essai – et le GNCR – Groupement national des cinémas de recherche – qui le visionnent, le même jour, l’apprécient vivement. Le GNCR est le groupe de salles qui décide de le soutenir. Soit. Les associations de salles régionales et départementales le visionnent en province, organisent des circulations, des rencontres ; des salles de cinéma indépendantes parisiennes souhaitent le programmer ; des associations de bénévoles-spectateurs souhaitent organiser des débats; des médiateurs culturels souhaitent le présenter dans des actions d’éducation à l’image.

Une année de travail avec ces acteurs de l’art et essai puis le film sort, en octobre 1999.

Il obtient au final dans son équation de sortie volontairement modeste (c’est le premier film d’un cinéaste étranger) une rentabilité de 3.500 entrées par copie et circule encore dans les salles 18 mois après sa sortie nationale.

La présence du film sur les écrans attire l’attention de la Sélection officielle du festival de Cannes sur le long métrage suivant, en développement,
Pau et son frère.

On peut encore trouver
l’Arbre aux cerises sur certains écrans lorsque Pau et son frère est en compétition officielle de la sélection officielle de Cannes.

Dans une agglomération de 500.000 habitants où vient d’ouvrir un UGC
Cité Ciné proche du centre ville avec plus de 20 salles de cinéma, une agglomération comptant entre autres plus de 50.000 étudiants (peut-être l’une de ces régions difficiles où UGC fait un « gros effort » en faveur de la diffusion de films art et essai), il s’opère en mai 2001, soit 18 mois après la sortie et découverte d’un auteur par son premier film, un phénomène des plus étranges.

Pau et son frère porté par un autre distributeur que moi-même a une équation de sortie avoisinant peu ou prou une trentaine de copies.

Le cinéma indépendant de cette agglomération comptant 5 écrans ayant sorti en national
l’Arbre aux cerises, tenu à l’affiche trois semaines, collectant un nombre d’entrées prévisible et satisfaisant pour un premier film de ce type, souhaite programmer, 18 mois après, le second film de l’auteur.

Mais l’UGC
Cité Ciné a plus de 20 écrans à pourvoir (il en faut en engranger des films !) Et « un champ du spectre de la diffusion » à installer et le plus vite possible, n’est ce pas ?

L’UGC
Cité Ciné « veut » le film.

Il n’y a que 30 copies France ?

Le multiplexe n’en a que faire.

Qui dit non à UGC
Cité Ciné ?

Résultat :
  • un film à trente copies France,
  • dont deux copies sur une agglomération de 500.000 habitants, l’une programmée dans la salle de cinéma indépendante qui avait fait le travail pour le premier film de l’auteur, et l’autre à UGC Cité Ciné,
  • un potentiel d’entrées divisé par deux.
UGC Cité Ciné qui déprogramme le film au bout d’une semaine. Pas assez d’entrées. La salle de cinéma indépendante, qui peut-être pour faire un exemple, je ne sais pas, pour pouvoir continuer à travailler et donc à se faire entendre des distributeurs, déprogramme le film, elle aussi, au bout d’une semaine.

Heureusement pour lui, ce cinéaste, qui a réalisé trois autres films depuis, toujours soutenu par des dizaines et des dizaines de salles de cinéma indépendantes, n’a, pour l’instant, plus jamais ré-intéressé (à ma connaissance) « l’extension significative du champ du spectre de la diffusion » et notamment de la « section art et essai » du cher maxi-groupe UGC.



Terminons par une pirouette.

Puisque a priori nous sommes entrés dans l’ère « de l’extension » et bien à « l’extension significative du champ du spectre de la diffusion (…) art et essai » du groupe UGC ou autre groupe, ne nous faudrait-il pas avoir recours, nous aussi, à une extension ? Une « extension du domaine de la lutte » pour les films, pour leurs auteurs, pour leurs publics…

Je soumets ce texte et cette expérience à vos avis.


Karine Prévoteau
40 ans, Distributrice indépendante ( 1998-2000).

Responsable des actions publiques en faveur de l’audiovisuel et cinéma sur le territoire de la Région Alsace.
Auteur avec l'Agence culturelle d'Alsace d’une étude préfigurant la politique en faveur des cinémas indépendants de proximité « Etat des lieux des salles de cinéma indépendantes en Alsace de 1997 (avant l’implantation des 3 multiplexes dont Kinepolis et UGC Cité Ciné) » Equipement, organisation juridiques, ressources humaines, programmation, animations, publics. (1999-2002)

Déléguée générale du Groupement national des cinémas de recherche jusqu’à la fin 2003.

Actuellement travailleuse indépendante en développement de long métrage, en écriture, production, diffusion (Dies d'Agost – Jours d'août – de Marc Recha, Dans la Ville de Sylvia de Jose Luis Guerin) et chercheuse- doctorante à l’école doctorale de l’université Sorbonne Nouvelle (Censier) "Notions de soutien, recommandation, classification et diffusion des œuvres cinématographiques en France de 1990 à 2008"


Marc Recha

Loin de la Movida madrilène, Marc Recha grandit à l'Hospitalet de Llobregat, banlieue ouvrière de Barcelone. Il réalise ses premiers films dès son plus jeune âge avec une caméra super 8 reçue en cadeau. Plus tard, il découvre Bresson et le cinéma asiatique à la Cinémathèque de Barcelone. Titulaire d'une bourse, il part à Paris où il travaille auprès du cinéaste avant-gardiste Marcel Hanoun. En autodidacte, il écrit, réalise et produit plusieurs courts métrages.

A 21 ans, Recha tourne en trois jours son premier long métrage, le Ciel monte, d'après un roman écrit en 1916 par son compatriote Eugenio Ors. Mais la critique internationale le découvre avec son deuxième film, prix de la Fipresci à Locarno, l'Arbre aux cerises, dans lequel il filme le quotidien d'un village espagnol, en portant une grande attention à la nature. "Le cinéma, c'est le regard ; et le regard, c'est attendre les choses, attendre qu'elles se révèlent", déclarera-t-il aux Inrockuptibles. Entre deux longs-métrages, il multiplie les activités, réalise publicités et documentaires, collabore à des revues et enseigne à l'Université.

Sa notoriété s'accroit avec Pau et son frère, présenté en compétition au Festival de Cannes en 2001. Foncièrement indépendant, le réalisateur affine sa méthode : réunir une équipe dans un lieu isolé et se nourrir des aléas du tournage pour enrichir un scénario en constante évolution. Olivier Gourmet et Eduardo Noriega font partie de la distribution de son quatrième opus, présenté à Cannes dans la section Un certain Regard, Les mains vides (2004) un film tourné de l'autre côté des Pyrénées, une première pour le cinéaste. En 2007, Jours d'août est marqué par une autre nouveauté : Marc Recha joue en effet, aux côtés de son frère David, le rôle principal de cette quête initiatique autour de la disparition d'un journaliste.

Source : Allociné.com




17 janvier 2008, Politis


Les déclarations incohérentes
de Christine Albanel

ne peuvent apaiser
la colère des associations.





Le droit aux images
par Christophe Kantcheff

Les acteurs de l’action culturelle cinématographique se sont réunis le 11 janvier pour répondre aux attaques du gouvernement. Leur mobilisation est en cours, qui fédère aussi des cinéastes et la filière professionnelle des indépendants.

Tous, ils étaient tous là. Ils n’ont cessé de s’en réjouir, de s’en étonner aussi. Dans la grande salle bourrée à craquer (plus de 300 personnes) du cinéma le Saint-André des-Arts à Paris, ils étaient tous là : des producteurs, des distributeurs, des exploitants, des cinéastes (dont Nicolas Klotz, JeanPierre Thorn, Gilles Porte, Éric Guirado, Christian Rouaud). . . Toute la «filière cinéma» (celle des indépendants) a répondu présent ce vendredi 11 janvier pour apporter son soutien et témoigner de sa solidarité aux acteurs de l’action culturelle cinématographique, aujourd’hui menacés par l’État (1). À l’initiative de ce rassemblement national et de la pétition «Cinéma et audiovisuel, vers le démantèlement de la diversité culturelle ?», une kyrielle d’associations qui œuvrent pour la diffusion culturelle, l’éducation artistique et l’organisation de festivals. Parmi elles, l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion, l’Association des cinémas de l’ouest pour la recherche, l’Association des cinémas de recherche d’Île-de-France, l’Agence du court métrage, Carrefour des festivals, les Enfants de cinéma, le Groupement national des cinémas de recherche. . .


Deux cents structures au total qui, par un patient travail sur tout le territoire, permettent notamment à des populations éloignées des salles, tant du point de vue social que géographique, d’avoir accès à la diversité du cinéma, à des films exigeants de trouver leur public, et à des élèves de toutes conditions de nourrir leur sensibilité et leur réflexion grâce aux œuvres et à la médiation pédagogique assurée par les enseignants, les exploitants et les créateurs. Bref, une grande entreprise de démocratie culturelle, cette notion tant vantée par Nicolas Sarkozy dans sa lettre de mission à sa ministre de la Culture, Christine Albanel. Sauf que le président de la République produit du discours comme Catherine II de Russie construisait ses villes : les façades sont belles, mais derrière, le néant. Plusieurs intervenants ont ainsi rappelé l’envers du discours : une baisse importante des crédits alloués à la diffusion culturelle cinématographique; l’incertitude sur la manière dont les directions régionales des affaires culturelles et le Centre national du cinéma vont pallier le retrait des aides directes de l’État ; ou encore l’absence à ce jour de représentants de la filière cinématographique du programme des entretiens de la rue de Valois, voulus par la ministre. Récemment, celle-ci a tenté d’éteindre le feu de la colère qu’elle sentait monter à juste titre. En vain. Dans un communiqué, le 7 janvier, elle annonce que «la nouvelle enveloppe budgétaire» allouée à son ministère fin décembre «bénéficiera aussi » à l’action culturelle cinématographique. Problème : les 34,8 millions d’euros débloqués avaient été présentés comme une rallonge pour le spectacle vivant. Mais voici que le conseiller de la ministre pour le cinéma, François Hurard, annonce sur France-Info le 11 janvier que des crédits spécifiques ont aussi été réservés pour le cinéma. Problème : il ne sait pas dire combien. Plus cohérent et convaincant, tu meurs. . .


Mais les intervenants ont tenu à donner un tour positif à leurs propos. D’abord en redéfinissant le sens de leurs missions : «Favoriser l’accès des publics à des cinématographies singulières répond de façon complémentaire et indispensable à une exigence de démocratie culturelle avec le double principe de formation et d’élargissement des publics», ont-ils rappelé dans un texte introductif. Ils ont aussi souligné le rôle économique qu’ils jouent au sein de la filière et par là même le soutien à la création que leurs activités génèrent. D’où l’appel à la solidarité lancé à toute la profession, même à celle qui penche davantage du côté de l’industrie que de l’art. «Attaquer la marge, c’est s’en prendre au centre», a-t-il été dit, paraphrase d’un célèbre aphorisme godardien. Mais, pour l’heure, des groupes comme UGC ou MK2 préfèrent traîner devant le tribunal administratif certaines salles indépendantes et/ou municipales –le Méliès à Montreuil, le Comœdia à Lyon– pour «abus de position dominante». . .

Qu’à cela ne tienne. L’ambiance était roborative au Saint-André-des-Arts, et la mobilisation prometteuse. Des représentants de SUDCulture, de la CGT du ministère de la Culture, de la CGT-spectacle et des techniciens CGT, du conseil régional d’Île-deFrance, de la fédération française des MJC et d’associations d’enseignants étaient venus en renfort. Robin Renucci a insisté sur la nécessité d’une jonction avec le milieu théâtral. Le réseau des éducateurs et des passeurs d’images est en branle. «
Il faut continuer cet effort de mobilisation collective, ont-ils conclu. C’est le bon moyen pour faire peur au gouvernement.» À suivre, donc.



(1)Voir Politis du 29 novembre et du 13 décembre 2007.
Pour s’informer sur la mobilisation et signer la pétition :
http://www.cinema-diversite-culturelle.blogspot.com/



15 janvier 2007, Le Monde

Le Monde | 15.01.08 | 16h07
Nicole Vulser
Article paru dans l'édition du 16.01.08




La réponse budgétaire de l'Etat
ne calme pas la grogne du cinéma




Cela ressemble à un jeu de chaises musicales. Destinée à redonner de l'oxygène au spectacle vivant dans un contexte financier tendu, la rallonge budgétaire de 34,8 millions d'euros, promise par le ministère de la culture et de la communication (Le Monde du 17 décembre 2007), devra finalement être partagée avec le cinéma. Les principales victimes des arbitrages budgétaires en 2008, comme les petits festivals et les actions éducatives, pourraient récupérer 5 millions d'euros sur ce total.


Pas de quoi réjouir le spectacle vivant, pour lequel cette rallonge ne suffisait déjà pas à compenser le "gel" de 6% de l'ensemble des crédits de la culture dans le budget 2008. "Si nous sommes solidaires du cinéma dans cette enveloppe, il faut que l'Etat trouve de l'argent supplémentaire", commente François Le Pillouër, président du Syndicat des directeurs de scènes subventionnées (Syndeac).

L'intégration du secteur cinématographique à la rallonge budgétaire qui ne lui était initialement pas destinée est une première réponse de la Rue de Valois à la menace de forte baisse des crédits déconcentrés accordés par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC). Celle-ci inquiète les organisateurs de festivals, les associations régionales de cinéma et les associations liées à l'éducation artistique, notamment en milieu scolaire.

Vendredi 11 janvier, la salle du cinéma Saint-André-des-Arts, à Paris, était pleine à craquer de réalisateurs (Nicolas Klotz, Nicolas Philibert, Lucas Belvaux...), de producteurs, de distributeurs et de représentants des associations, souvent régionales, qui travaillent dans les petites structures liées au cinéma, pour réaffirmer à quel point "toute baisse du soutien de l'Etat menace la diffusion culturelle du cinéma" et serait "catastrophique pour l'ensemble de la filière". Leur ambition : "redonner un sens à la part non rentable" du cinéma.


Profession de foi


Le ministère apporte une seconde réponse aux problèmes budgétaires des festivals : une trentaine parmi les plus importants, comme ceux de Marseille (documentaire), de Clermont-Ferrand (courts métrages), d'Annecy (animation), de La Rochelle (films internationaux), seront désormais financés exclusivement par le Centre national de la cinématographie (CNC).

Grâce à la taxe supplémentaire appliquée aux nouveaux distributeurs de télévision, comme les fournisseurs d'accès à Internet, le fonds de soutien du CNC augmente. 1,5 million d'euros servira à maintenir le financement de ces gros festivals. L'incertitude reste entière pour des centaines d'autres petits festivals, dont le sort demeure lié à celui des DRAC.

Dans ce climat houleux, le ministère de la culture cherche à calmer le jeu et affirme que l'éducation au cinéma reste une priorité. Malgré cette profession de foi, aucune rallonge budgétaire dans ce secteur n'est envisagée avant 2009. Et l'assurance de la Rue de Valois que les budgets 2008 seront équivalents à ceux de 2007 ne suffit pas à rassurer les professionnels.

15 janvier, France-Inter, "Esprit critique"

Quand il y a débat sur une grande chaine radiophonique
à une heure de relative grande écoute
à propos des circuits et des salles art et essai…

J'ai pris l'initiative de faire un compte rendu de ce débat
en le réécoutant plusieurs fois sur france inter.fr.
Je rédigerai ma propre réaction dans les jours qui viennent (consulter ici)
Bonne lecture,

Karine Prévoteau


France Inter, mardi 15 janvier 2008 de 9h10 à 9h35
Esprit Critique
(chronique) – journaliste Vincent Josse.
Invités : Alain Sussfeld, UGC – Xavier Blom, AFCAE
Association française des cinémas d'art et d'essai




Chronique intitulée sur le site de France Inter

Débat sur le cinéma :
cartes illimitées et salles subventionnées



Compte rendu à l’initiative, de la seule responsabilité et effectué par Karine Prévoteau (1), assumant les coquilles éventuelles, l’approximation de quelques termes malgré une volonté de retranscription des propos le plus en adéquation possible avec ce débat radiophonique.


Le journaliste pose le débat en ces termes aux deux invités : il les invite à faire un retour sur le « conflit entre les salles subventionnées » et « les gros circuits » type Pathé-Gaumont, UGC, MK2. Il demande si l’on vit « une guerre des cinémas », entre les « salles art et essai » et les « gros cinémas ». Il évoque par exemple le problème que pose apparemment l’extension de certaines « salles municipales » dont Montreuil, qui exercerait une « concurrence déloyale ». Y aurait-il « péril en la demeure » ?

Xavier Blom est le premier à intervenir. Il ré-évoque malgré « la relative bonne santé » des salles art et essai, leur grande fragilité avec les phénomènes de concentration incarnés, renforcés par les multiplexes, les outils comme les cartes illimitées, les nouvelles technologies. D’autre part, il y a les indépendants, les salles de proximité, ce modèle français, fragile, fragilisé face à une intention politique aujourd’hui absente, un pouvoir politique indifférent à la spécificité du travail fait par ces salles, un travail commercial, mais aussi un travail de nature culturelle.

Alain Sussfeld, lors d’une intervention relativement longue que Vincent Josse lui demande implicitement d’abréger pour laisser la parole de son interlocuteur s’exprimer, intervient quasi immédiatement pour préciser, fermement deux choses :

  • l’une est que les circuits, UGC et MK2 notamment ne vivent aucun conflit avec les salles art et essai ;
  • la seconde est la précision d’une distinction jugée absolument fondamentale par Alain Sussfeld entre 2 notions, donc tout à fait distinctes : la notion d’une salle art et essai et la notion d’une salle publique ou municipale.

Une salle art et essai n’aurait donc rien de commun avec une salle publique ou municipale. D’ailleurs, pour illustrer son propos, il souligne, à titre d’illustration de la tradition des bonnes relations à la fois concurrentielles et complémentaires entre des salles d’origine diverses, par l’exemple de Massy, qui représente un bon équilibre de programmation associant des films en V.O, qui sont aussi dans les salles UGC, et selon les saisons, des films de saisons, pour incarner la logique de proximité, par exemple à la saison de Noël des films pour enfants, à la saison des fêtes des films grand public.

Alain Sussfeld, qui a et garde toujours la parole à cet instant du débat, insiste bien pour que « ne pas confondre grands et petits, bons et méchants, salles art et essai et salles publiques » car selon lui « ce n’est pas aussi manichéen que cela !»

Il souligne un aspect : l’accentuation du rapport concurrentiel.

Le fait que « nous » (le nous est Alain Sussfeld et UGC et pour partie MK2, même si il précise qu’il ne parle pas en leur nom), je cite « Nous, entreprises, nous entendons étendre significativement le champs du spectre de la diffusion » […] « que nous faisons un énorme effort en terme de diffusion de film art et essai, notamment dans des régions pas du tout évidentes » […] « avec une politique systématique en faveur des films art et essai »

Monsieur Alain Sussfeld, qui dans l’avancée du débat garde toujours la parole, malgré la demande implicite du journaliste de ne pas se livrer à un « monologue » revient sur le bon mélange qu’est la programmation des salles de Massy par Xavier Blom, que cette programmation se rapproche de celle des UGC et que Alain Sussfeld insiste pour dire que ce rapprochement des programmations est absolument logique que « l’on est clair » là-dessus.

Certes, plus dans un principe de rayonnement et de diversité de diffusion, certes avec des politiques commerciales un peu différentes, il y a une même logique entre une programmation de salles comme celles de Massy et de salles UGC, cette logique n’étant pas de faire « exclusivement » du cinéma populaire, de blockbusters, de films américains ou de gros films français.

Le journaliste, Vincent Josse, reprend la parole et redemande alors ce qu’il en est pour Montreuil, pour ce cinéma le Méliès qui a actuellement 3 salles et qui aura 6 salles en 2010, de l’action judiciaire engagé par UGC et MK2.

Alain Sussfeld tient à minimiser d’emblée la portée des termes employés. Il se positionne par rapport à Montreuil sur un élément juridique car en France, nous sommes dans une société de droit.

Selon lui, Montreuil pratique une politique mixte de programmation moins qualitative que celle de Massy. Alain Sussfeld tient à préciser 2 chiffres : le premier est que 45% des séances de Montreuil sont communes avec celles des établissements de circuit de Rosny, que le Mélies de Montreuil programme Spiderman, Harry Potter et que selon lui, ces films font perdre au Méliès une partie de son identité.

Le second chiffre est que le Méliès reçoit 500.000 euros de subvention pour 200.000 entrées, soit 2,50 euros par entrée réalisée et que le Méliès pratique des prix de 2 à 3 euros plus bas que ceux pratiqués par UGC, d’où la situation juridique actuelle entre les différentes entités ( UGC, MK2 et le Méliès).

Car dans ce contexte, la maire de Montreuil prend l’initiative d’un déplacement et d’un redéploiement de son cinéma et que donc, il est normal d’engager une action, dans le cadre de procédure juridique française qui veut qu’il y ait une autorisation commerciale pour les établissements comme pour le commerce traditionnel. Alain Sussfeld évoque alors une attaque sur ce point d’agrément de déploiement et de déplacement du cinéma.

Vincent Josse rappelle que de nombreux cinéastes, sans agressivité aucune, sont solidaires du Méliès, comme Alain Guiraudie, Pascale Ferran qui dit que sans ce type de cinéma, son cinéma à elle n’existerait pas.

Alain Sussfeld précise que ces mêmes cinéastes sont par ailleurs « très très demandeurs » des salles des circuits.

Alain Sussfeld demande qu’il y ait une nuance dans son approche car il ne conteste pas le Méliès actuel, mais le Méliès futur.

Puis Alain Sussfeld revient sur 2 points de détail :

Le premier point de détail est qu’il y a 10 ans, lorsque UGC a demandé l’extension de Rosny, il y avait une seule voix négative, c’était celle du maire de Montreuil, qui par conséquent, ne doit pas considérer ses projets si déconnectés de ceux d’UGC.

Le second point de détail est que UGC, et MK2, vont initier une procédure de demande d’avis devant le conseil de concurrence, sur la problématique publique / privée.

« Point à la ligne » rajoute t-il et que cette procédure ne concernera pas les salles art et essai privées qui ont pour vocation de vivre et de se développer dans un système que UGC a toujours agrée.

Vincent Josse redonne la parole à Xavier Blom.

Xavier Blom précise que le Méliès a une valeur exemplaire, qu’il ne connaît pas aussi bien le dossier et qu’il remercie monsieur Sussfeld des compliments sur Massy tout en ajoutant que si Massy n’est certes pas le Méliès, Massy peut se retrouver demain dans une problématique de projets de développement, lui aussi.

Les circuits dénoncent les subventions dont bénéficient les salles publiques alors que souvent, dans la majorité des salles art et essai sur tout le territoire de la France, il s’agit de mono écran ou de 2 écrans, qui ne permettent pas d’équilibrer une activité purement commerciale, que ces salles ont besoin des aides des villes, que leur objectif n’est pas d’engranger de l’argent, que ces salles font un travail culturel, de mise en réseaux, d’éducation par le film.

Vincent Josse rappelle d’ailleurs qu’ils sont nombreux en ce moment à dénoncer la baisse des subventions de l’Etat.
(aparté dont je suis à l’initiative) Xavier Blom n’évoquera A AUCUN MOMENT l’action engagée par plus de 300 structures, souvent associatives, implantées sur TOUT le territoire français, salariant de 2 à 10 personnes pour certaines d’entre elles, représentant à ce jour un budget pour la totalité de leurs actions sur TOUT le territoire français de 5 millions d’euros de crédits déconcentrés dans les Drac par le Ministère de la Culture / CNC.

Non, Xavier Blom parle en effet d’une baisse des subventions de l’Etat depuis 2 ou 3 ans, mais qui ne sont en fait pas des subventions, mais des « avances remboursables » la part de fonds de soutien, concernant l’ensemble des opérateurs du cinéma, et notamment les salles, donc de la part de ce fonds de soutien reversé de façon sélective aux salles, aux associations de salles, aux festivals, part du fonds de soutien en baisse à cause du grand succès de certains films français et non américains, paupérisant la partie reversée de façon sélective au profit de la partie reversée en automatique aux acteurs du champs de la production de ces succès français.

Pour info (ça c’est moi qui le rajoute), l’enveloppe budgétaire sélective en provenance du fonds de soutien pour le classement des salles art et essai s'est élevée à peu moins de 12 millions d’euros en 2006.

Le débat se conclue sur la menace des technologies numériques qui nécessitent beaucoup d’argent et on se demande si les salles indépendantes vont pouvoir survivre.

Xavier Blom dit que c’est une technologie de concentration, qui qualitativement n’apporte pas grand-chose et qui coûte très cher.

Alain Sussfeld quant à lui dit que UGC est déterminé à être les derniers à adopter la projection numérique et que leur puissance, que l’on leur reproche par ailleurs, est un grand élément de garantie de l’autonomie et de la pérennité des salles de cinéma indépendantes, la garantie de la perrenisation de la copie et qu’une fois de plus, Alain Sussfeld pense qu’en la matière, UGC est parfaitement solidaire…


(1) Karine Prévoteau, 40 ans, distributrice indépendante ( 1998-2000). Responsable des actions publiques en faveur de l’audiovisuel et cinéma sur le territoire de la Région Alsace. Auteur d’une étude préfigurant la politique en faveur des cinémas indépendants de proximité « Etat des lieux des salles de cinéma indépendantes en Alsace de 1997 (avant l’implantation des 3 multiplexes dont Kinepolis et UGC Cité Ciné) » Equipement, organisation juridiques, ressources humaines, programmation, animations, publics (1999-2002). Déléguée générale du Groupement national des cinémas de recherche jusqu’à la fin 2003. Actuellement travailleuse indépendante en développement de long métrage, en écriture, production, diffusion et chercheuse - doctorante à l’école doctorale de l’université Sorbonne Nouvelle (Censier)



14 janvier 2008, Comoedia à Lyon, objectif : 20.000 signatures

Comœdia de Lyon
Consulter le blog, signer la pétition


Objectif 20.000 signatures

( déjà 14.000 !)

pour le soutien au Comoedia à Lyon



Depuis bientôt un mois, nous vous avons laissés sans nouvelles de la procédure engagée par UGC pour essayer de nous interdire l’utilisation du nom Comoedia ; et du mouvement de solidarité du public à travers la signature du texte de soutien disponible au cinéma et sur internet.


Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait pas de nouveau jusqu’au 7 janvier et parce que, vous comme nous étions occupés à autre chose, à savoir bien finir l’année 2007 et commencer le mieux possible l’année 2008.

Les nouvelles concernant le soutien au Comoedia sont aujourd’hui les suivantes :
  • le mouvement de soutien et de solidarité autour du Comoedia atteint une grande ampleur avec à ce jour plus de 13.000 signatures et il en arrive de nouvelles chaque jour !
  • des élus du Grand Lyon, en l’occurrence Nadine Gelas et Jacky Darne, nous ont fait connaître leur préoccupation et ont souhaité nous rencontrer. Une réunion est prévue pour ce jeudi 17 janvier en présence du conseiller cinéma de la DRAC.
Il est trop tôt pour savoir si ce rendez-vous aboutira à quelque chose ou non, mais il nous parait important de pouvoir expliquer les choses et débattre avec les élus.
  • d’autres personnalités politiques ont signé le texte de soutien ou nous ont écrit pour manifester leur soutien.
  • les problèmes rencontrés par le Comoedia étant emblématiques des tensions nationales entre grands groupes et salles de cinéma indépendantes, nous participerons à la table ronde qui aura lieu le vendredi 25 janvier au cinéma Les Alizés de Bron sur le thème : « Quel avenir pour les cinémas de nos villes et pour la diversité culturelle ? »

Sur le plan judiciaire, les méthodes d’UGC n’ont pas l’air de vouloir beaucoup évoluer en 2008.
Ainsi, nous avons reçu le lundi 7 janvier une nouvelle assignation à comparaitre devant le Tribunal de Grande Instance de Lyon, statuant en référé.

Sauf changement de dernière minute, l’audience est fixée au lundi 28 janvier à 13 h 30.