29 février 2008, Libération

Didier Péron
Quotidien : vendredi 29 février 2008




Festivals cinéma à sec

Associations et indépendants
ne comptent plus sur les aides



Dans le domaine de l’action cinéma, l’incertitude demeure pour nombre de responsables d’associations et patrons de festivals qui n’obtiennent aucune réponse claire ni du côté du ministère ni du côté de leur Drac. Ainsi le festival Travelling à Rennes s’est déroulé début février sans que la baisse ne soit notifiée : «D’habitude le responsable cinéma de la Drac nous signifie notre budget en début d’année or là, on ne sait rien», explique Eric Gonzanet. La plupart des structures gèrent l’absence d’info, entre les effets d’annonces de la ministre qui assure que rien ne change et les coups de fil des collègues qui assurent qu’on leur coupe les vivres : moins 5.000 euros pour Passeurs d’image en Rhône-Alpes ; moins 8.000 euros pour Cinéfil à Blois ; moins 1.500 euros pour De la suite dans les images (Nord-Pas-de-Calais), etc. Les rencontres du cinéma d’Amérique Latine de Toulouse ont perdu leur subvention Drac mais ont été reconnues d’intêret national. Les pertes sont épongées par une aide du CNC. Ce n’est pas le cas des Rencontres Internationales de Paris qui se déroulent au Forum des Images. 35.000 euros d’aides viennent d’être retirés à une des manifestations les plus constantes éditorialement de la capitale.

Geneviève Troussier, directrice du Café des images à Hérouville-Saint-Clair (Calvados), a appris la semaine dernière par un coup de fil que son budget de 15.000 euros passait à 3.000 euros soit une baisse de 80 % : «Je me suis engagée sur des actions sur l’année et on va donc devoir puiser sur nos fonds propres. Ce que nous vivons là n’est qu’un début, 2009 verra déferler un tsunami sur les quelques rescapés de la première vague 2008.» Dans sa salle, elle montre de l’art et essai, des festivals consacrés aux aspects les plus novateurs de la production. Elle a fondé la Maison de l’image en Basse-Normandie (sur sollicitation de la Drac), en charge de toute la politique de soutien à la production. Elle ne mâche pas ses mots : «La politique actuelle est d’une bêtise crasse. Plutôt que de laisser chacun occuper un territoire spécifique et organiser sereinement les actions marginales, on nous demande de rejoindre le peloton.»


Responsable du cinéma la Salamandre à Morlaix, Nicolas Mey n’est pas directement touché par les baisses mais a noté au détour d’un courrier officiel un «dommage collalatéral» : pour la rentrée 2008, les options facultatives cinéma audiovisuel ne seront plus financées par la Drac. Le cinéma est partenaire culturel et touche une subvention pour un intervenant en collège et lycée. Le courrier l’invite néanmoins à «prendre les dispositions nécessaires en vue d’un nouveau plan de financement». Lequel ? Mystère.