28/02/2008 Le Mague Journal

Le Mague journal
le 28/02/2008



Festival Du grain à démoudre, coupez ?


Fin janvier, l’État, via la DRAC de Haute-Normandie, annonçait qu’il ne serait plus partenaire du festival européen de cinéma Du grain à démoudre. Suite à une vague de protestations, la DRAC est revenue sur sa décision, mais un appel à la vigilance est lancé par les jeunes cinéphiles.

Il était une fois dix-huit jeunes âgés de 10 à 23 ans. Tous ont été élèves d’une école primaire de Gonfreville l’Orcher (Seine-Maritime). Grâce à Nicole Turpin, leur directrice, et à Ginette Dislaire, directrice de la salle Art et Essai-Recherche l’Éden/le Volcan du Havre, ils eurent la chance d’être initiés à l’art cinématographique. Pendant leur scolarité, ils ont visionné des films du patrimoine, décortiqué des images, tourné des lettres filmées... Un exercice qui ne peut que produire du bon grain. Pas celui qu’on écrabouille, qu’on ratatine, qu’on écrase pour le réduire en poussière. Celui qui germe et pousse bien haut pour se gorger de soleil.

En 2000, entourés de professionnels et d’élus attentifs, ces jeunes cinéphiles ont créé un festival de cinéma unique. Son drôle de nom : Du grain à démoudre. Au programme de la première édition, des films (le Voleur de bicyclette, Mars Attacks, les Contrebandiers de Moonfleet, la Petite vendeuse de soleil...) et des ateliers (cinéma d’animation, prise de vue, montage...). Les rencontres gonfrevillaises étaient animées par Antoine Guillot, journaliste à France Culture, producteur et scénariste. Année après année, le festival a pris de l’assurance et s’est aventuré dans des programmations assez audacieuses.

Reconnu en France et en Europe, parrainé par des pointures comme Michel Ocelot (le père de Kirikou) ou Claude Duty (réalisateur de Filles perdues, cheveux gras), Du grain à démoudre a multiplié les nouveautés. Le festival a exploré de nombreux thèmes (L’Autre, La Peur, La Rébellion, L’Absurde...), organisé des rencontres européennes, préparé des soirées spéciales autour de lettres filmées, de films du patrimoine, de courts-métrages, de vieilles bobines familiales..., animé des échanges avec des professionnels, lancé des concours d’écriture de scénario, développé les ateliers, proposé des concerts (Wax Tailor, Bratsch, Mandino Reinhart/Tchavolo Schmitt) et mis en compétition courts et longs-métrages peu distribués réalisés dans divers pays du monde. Dewenetti (du Sénégalais Ousmane Diana Gaye) et White Palms (du Hongrois Szabolcs Hajdu) ont ainsi reçu le Grain d’or à l’issue de la dernière édition.

Parmi les partenaires du festival, on compte, outre la Ville de Gonfreville l’Orcher, le Département de Seine-Maritime, la Région Haute-Normandie, la CAF, l’Education nationale, l’Union européenne... et l’État. Le désengagement de la DRAC provoquerait quelques secousses financières, mais risquerait également de provoquer des turbulences ou des doutes chez les autres partenaires. « La multiplicité des financements garantit l’indépendance et le sérieux du festival, explique Ginette Dislaire, la coprésidente de l’association Du Grain à démoudre. Si l’Etat s’en va, l’équilibre sera rompu. » En prime, après la suppression arbitraire des rencontres internationales Cinéma et Enfance du Havre, on peut légitimement s’interroger sur ces mesures qui visent des initiatives favorisant l’esprit critique et l’éducation à l’image dans une société saturée d’images publicitaires et politiques manipulatrices...

Sous la pression, la DRAC réviserait sa copie. L’information n’étant qu’officieuse, les organisateurs et les défenseurs du festival Du grain à démoudre ont maintenu la manifestation prévue au Havre le 22 février, par ailleurs Journée nationale de mobilisation des professionnels du cinéma. Accompagnés par des élus, notamment par Jean-Paul Lecoq, député-maire communiste de Gonfreville l’Orcher, les jeunes ont symboliquement jeté des roses rouges dans les eaux sombres du petit port de pêche (notre photo).

Après le thème Etre(s) sensible(s) en 2007, les jeunes organisateurs ont choisi Le Rêve comme fil rouge du 9ème festival prévu en novembre 2008. Espérons que toute cette histoire ne virera pas au cauchemar comme dans les mauvais nanars.

Pendant l’alerte, les travaux continuent. Le festival Du grain à démoudre lance un nouveau concours de scénario. Thème imposé : Le Rêve. Pour participer, il suffit d’écrire un scénario de trois à cinq pages maximum, dactylographié, en français, en anglais ou en allemand, et de l’envoyer avant le 15 juin 2008 à :

Festival Du grain à démoudre Maison des associations, BP 95 76700 Gonfreville l’Orcher, France.

Cela s’adresse aux jeunes de 15 à 25 ans. Le jury sélectionnera six scénarios et proclamera les résultats en juillet. Les six gagnants seront invités au festival. Les textes retenus seront lus par des comédiens durant le 9ème festival qui aura lieu du 4 au 10 novembre 2008 et mis en ligne sur le site Internet de l’association.

Plus d’infos sur le site du festival
Courriel : contact@dugrainademoudre.net
Téléphone/Fax : +33 (0)2 35 47 12 85