28 février 2008, pétition lancée par le SPI

SPI - Syndicat des producteurs indépendants
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QUE VIVE LA TÉLÉ PUBLIQUE"
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Que vive la télé publique

« Supprimer la publicité sur les chaînes et les radios du service public » : la décision politique est prise qui correspondrait à une attente supposée du public, et qui permettrait au service public de mieux remplir ses missions.

À chaînes privées, argent privé – à chaînes publiques, ressources publiques : sous l’apparence d’un raisonnement de bon sens, se profile la chronique d’un désastre annoncé.

Les solutions envisagées pour compenser le manque à gagner des ressources publicitaires relèvent en effet pour l’instant de véritables usines à gaz ou de « concours Lépine » de la taxe, ce qui fragilisera d’autant plus un service public déjà affecté par un sous financement chronique qui se répercute déjà sur les programmes.

Au-delà de ces questions se profile un discours récurrent selon lequel il n’y aurait pas de différence de programmes entre les chaînes privées et les chaînes publiques.

Nous qui sommes créateurs, producteurs d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles, ne supportons plus ce discours ambiant.

Il ne s’agit pas ici de dire que tout va bien ; nos pratiques quotidiennes, les refus, les contestations, les combats que nous menons en témoignent.

Mais, non, non, mille fois non aux amalgames et raccourcis faciles.

Des preuves ?
  • Qui fait la diversité, et donc la richesse, du cinéma français, si ce ne sont les filiales cinéma de France 2, France 3, ARTE qui ne se limitent pas aux films de genre ou aux comédies populaires et qui co-produisent la plupart des films sélectionnés dans les Festivals ou primés aux César ?
  • Qui accepte de produire en France des documentaires et d’en diffuser régulièrement en prime ? C’est-à-dire de regarder le monde, notre société avec une durée, une finesse, des contradictions, un discours non manichéen ?
  • Qui diffuse à l’antenne cinq fictions françaises par semaine, et, bientôt, des fictions hors prime time, avec de vrais paris éditoriaux comme les Harkis, les Oubliés, Clara Sheller ou la collection Maupassant et des feuilletons quotidiens comme Plus belle la vie ?
  • Qui diffuse environ 150 courts métrages français par an à travers trois émissions hebdomadaires dédiées (Histoires courtes, Libre court et Court-circuit) ?
  • Qui diffuse des magazines politiques réguliers en dehors des périodes électorales ?
  • Qui a pris le risque de diffuser du théâtre en direct, genre totalement délaissé depuis les belles heures d’ Au théâtre ce soir ?
  • Qui diffuse quatre soirs par semaine un magazine culturel qui s’est imposé comme un lieu privilégié de débats et d’expression de la pensée ?
Alors, de grâce, essayons d’abord de faire un constat lucide sur ce qu’est la télé aujourd’hui : notre télévision publique, souvent attaquée ou brocardée, est sans doute une des meilleures du monde, de même d’ailleurs que notre télévision privée qui, quoique à la recherche assumée du « temps de cerveau disponible » du téléspectateur, reste la plupart du temps bien supérieure à celle de nos voisins.

Nous qui faisons cette télévision, sans détenir à nous seuls la vérité, sommes quand même mieux outillés que ceux qui ne la font pas, ni ne la regardent, pour en parler.

Battons-nous toujours davantage pour la diversité, l’intelligence et l’audace, mais reconnaissons avant tout ce que nous devons à cette télévision publique qui ne se sort pas si mal de sa triple mission « éduquer, informer, distraire ».

Battons-nous surtout pour qu’elle ait les moyens de poursuivre cette mission avec dignité, courage et persévérance.