Déploiement numérique dans les salles

03/10/2007 Intervention de Véronique Cayla
au Congrès de la FNCF – Fédération nationale des cinémas français – à Deauville



3. Je poursuis précisément ce tour d’horizon par la question qui vous a mobilisés hier et je m’en réjouis, le cinéma numérique.

Le CNC a publié, en juin dernier, un document d’étape qui a été soumis à l’ensemble des parties prenantes comme base à la concertation et à la réflexion commune sur les principales questions soulevées par le déploiement du numérique dans les salles.

Ce document rappelle les principes fondamentaux qui doivent diriger le déploiement numérique. Ce sont les principes mêmes qui portent le système actuel, et qui ne doivent pas être remis en cause par les changements technologiques, aussi importants soient – ils :



  • Il faut pouvoir assurer d’abord la qualité de la projection numérique, condition essentielle pour que le cinéma garde son caractère unique de spectacle, son pouvoir d’attraction du public, et donc un marché dynamique.


  • - Il faut ensuite assurer la sécurité de la projection numérique, pour éviter tout risque lié à la piraterie et assurer la rémunération de toute la chaîne des ayants droit.
  • Il convient également de garantir l’unité du niveau technologique des salles, comme pour la projection en 35 mm, et d’éviter un marché à plusieurs vitesses.
  • Enfin il faut assurer la neutralité technologique du déploiement numérique, à l’égard des différents intervenants dans la filière. Assurer la neutralité technologique, c’est garantir la liberté de choix et de travail des exploitants et, en priorité, l’indépendance de leur programmation.

Nous allons maintenant faire progresser la réflexion de façon très concrète, au sein de groupes de travail, selon deux axes principaux : un axe technique qui doit permettre la prise en compte des spécificités françaises et européennes par les organismes américains et internationaux de standardisation et de normalisation de l'ensemble de la chaîne de distribution numérique. A cet égard, l’accord que nous avons passé avec l’Allemagne est fondamental.

Cet axe technique doit également fixer les processus de certification et de contrôle, tant des matériels que de la fabrication et du transport des copies, ou encore de la génération des clefs. Nous sommes heureux d’être en discussion permanente et étroite avec vous sur tous ces sujets qui, s’ils peuvent apparaître parfois comme bien techniques, n’en seront pas moins fondamentaux le jour venu.

Le second axe touche les conditions économiques du passage au numérique. Le document envisage une série de pistes, d’instruments, pour faciliter ou renforcer les investissements nécessaires des exploitants. A cet effet, j’ai demandé à Philippe Lévrier, qui préside la commission d’aide sélective à la création et modernisation de salles, et qui est expert dans le domaine du numérique audiovisuel, de diriger un groupe de travail qui réunit exploitants et distributeurs, pour ensemble préciser et tester le ou les modèles économiques qui seraient adaptés à la situation française. En effet, le système du «tiers investisseur» accaparant tous les rôles, et notamment la relation financière avec les distributeurs a clairement montré ses dangers et ses limites.

S’il est admis par tous que les économies réalisées par les distributeurs constitueront une des sources de financement de l’équipement des salles, et qu’un effort spécifique proviendra des exploitants, les montants et les modèles de répartition restent à définir. D’autres leviers sont aussi à trouver, parmi lesquels les aides publiques bien sûr, mais elles ne pourront que compléter les ressources qui proviendront du marché lui même.

Je veux conclure sur ce point en revenant sur la déclaration que le CNC a signée avec son homologue allemand, le FFA, pour faire entendre au niveau européen et dans nos relations avec les Américains les trois principes fondamentaux, que j’ai réexposés, sur la qualité et la sécurité de la projection numérique, l’unité technologique des salles et la neutralité de la technologie à l’égard des relations entre les différents acteurs. Le fait que par des chemins différents nous aboutissions à une position identique en France et en Allemagne sur ce sujet si complexe est à la fois rassurant et extrêmement efficace. Nous avons également réaffirmé ensemble l’importance prioritaire à accorder à la numérisation des films européens, qui doivent être prêts pour la diffusion numérique. Le CNC, pour sa part, étudie les mesures concrètes qui permettront d’élargir la réalisation de masters numériques à l’ensemble de la production française.