Communiqué de presse de la Ville de Montreuil
en réponse à l’éditorial du Film français,
daté du 1er février 2008.
Un petit bleu sur le bras, et pour souffrance « un picotement », atteste réellement le certificat médical du directeur adjoint du MK2 Bibliothèque, soi-disant « agressé » par le Député-maire de Montreuil (93), lors d’une manifestation devant le multiplexe parisien le 26 janvier dernier. Un certificat établi (dans une urgence toute relative) 24 heures après la manifestation.
On évoque une morsure, non constatée sur le moment par l’huissier, non établie par le médecin, non mentionnée dans le communiqué de presse signé Marin Karmitz. Fragile ? Peu importe ! Le moment est venu de sonner l’alalie. Il n’en fallut donc pas plus pour que se mobilise, dans les 3 jours qui suivirent, le front artificiel des pro-circuits, décrivant la manifestation ludique du Méliès sur un air de grands bourgeois effarouchés : Uniciné (le syndicat d’UGC et MK2), la Fédération Nationale des Cinémas Français et... Le Film français.
L’éditorial de cet hebdomadaire relevait bien, comme son titre l’indiquait, du « mauvais film ». Un « mauvais happening », de la violence, un élu qui « s’en prend à un directeur de salles… Du sang peut-être, des victimes ? Or, un huissier était là, bien avant le rassemblement, pour constater… l’absence totale de dégâts et de rares bousculades. La police arrivée plus tard a, quant à elle, fermé l’établissement après le départ de la foule partie jeter un peu plus loin (pour de faux, c’est du théâtre) « deux requins à la mer » dans une procession mise en scène par le spécialiste de la Comoedia dell’Arte, Carlo Boso. La fermeture ayant sans doute pour objet de prouver, malheureusement à contretemps, la gêne occasionnée par ces voyous de manifestants dont l’unique banderole, particulièrement agressive et manichéenne, indiquait simplement : « La banlieue aussi a droit à l’excellence » ! Enfin, deux portes ont été ouvertes pour que soient glissés, de l’extérieur, quelques ballons gonflés à l’hélium dans le hall du cinéma. Quelle horreur ! D’autant que les seuls slogans portés (sur des pancartes) par la foule étaient des citations anciennes de Marin Karmitz… contre les cartes illimitées, pour le pluralisme, contre l’hégémonie des circuits… Scandale !
La fiction produite par MK2 de débordements violents (contredits par toutes les images filmées par les manifestants) a cependant eu un impact très fort sur l’imaginaire de la rédactrice en chef du Film français, qui n’avait pas cru bon d’envoyer de journalistes couvrir cet événement. Un imaginaire que n’avait guère stimulé précédemment ni le risque réel d’abus de position dominante créé par l’alliance estivale entre UGC et MK2 pour la carte illimitée, ni le million d’euros exigé par UGC à Marc Bonny, directeur du Comoedia de Lyon, salle privée attaquée par les circuits dans le cadre d’un conflit éludé dans la synthèse 2007 dudit hebdomadaire (puisqu’il fallait réduire artificiellement les débats en cours, comme le souhaitent désormais UGC et la FNCF, au seul conflit entre salles publiques et salles privées). Le plus fort est ensuite de faire cohabiter ce sensationnalisme vecteur d’idéologie et l’apologie du « bon sens »… Cela dit, on a tout de même pu apprécier dans l’article la courageuse défense des grands circuits, qui, « en proie à une campagne de dénigrement systématique depuis 6 mois » (!), en avaient bien besoin. A ne pas manquer non plus dans le texte le souci manifesté pour « l’âme » menacée du Méliès et la tentative grossière de l’isoler des autres salles Art et Essai et municipales en leur montrant le « risque » qu’elles prendraient de « ternir leur image » en posant, aux côtés du cinéma de Montreuil, des questions sur les remises en cause récentes des aides publiques (locales et nationales) dans les champs de l’exploitation et de l’action culturelle. Vive le débat d’idées. Vive l'investigation journalistique.
« Qui a intérêt à mettre dos à dos salles privées et salles municipales ? », écrit Sophie Dacbert. Mais oui, c’est ça. Qui ? Comme c’est dommage : l’éditorial ne livre pas de réponse… Ni sur les raisons réelles et multiples des recours engagés depuis un an par les circuits. Quant à savoir si Le Méliès, salle abandonnée par UGC en 1986, comble aujourd’hui ou comblera demain, agrandi, un « manque de propositions de cinéma » dans cette ville de 100.000 habitants qui jouxte le récent UGC Ciné Cité de Rosny-sous-Bois (ce qui légitimerait son combat, selon la rédactrice en chef), ne comptez pas sur Le Film français pour vous le dire…
Il faudrait, pour cela, qu’il révèle que le troisième cinéma de France diffuse dans ses 15 salles près de 93% de films franco-américains, donc ne promeut guère la diversité, le risque ou l’exigence. Il faudrait convenir que 73 des 75 plus gros succès de l’an 2007 ont été projetés à Rosny en sortie nationale (on n’ose plus dire " programmés "), quand Le Méliès lui, n’en a choisi simultanément que 17, dont 9 étaient des films art et essai. Il faudrait admettre que les dirigeants de l’UGC de Rosny ne peuvent compter dans les séances du Méliès que 4% de séances communes avec les leurs sur toute l’année ! 4 %... Que le Méliès, en 2007, a invité 68 réalisateurs et ledit UGC aucun, que la salle de Montreuil a fait 72 débats avec des associations, a réalisé toute l’année un travail de formation du jeune public (40.000 entrées spécifiques). Soit la définition même de la « complémentarité » des équipements vantée par Sophie Dacbert ! Mais dire tout cela, reviendrait sans doute à participer à la campagne de "dénigrement systématique des circuits"… Tout comme contredire Marin Karmitz quand il affirme, en dépit du bon sens, que Les Méliès actuel et futur sont à 5 minutes en voiture de ses salles parisiennes aux heures d’ouverture des cinémas. Ce qui n’a d’autre objet que de faire pression sur la mairie de Paris en les menaçant de fermeture des MK2 Nation et Gambetta (lequel n’est pas évoqué une seule fois par ses avocats dans le texte même de son recours !). Un dernier chiffre : sur les 356 films diffusés par le Méliès en 2007, 286 n'ont été projetés ni à l'UGC Ciné Cité de Rosny, ni au MK2 Nation ! Diversité, complémentarité...
Autant dire qu’à l’heure actuelle, nul ne sait si « l’image » du " Film français " sortira vraiment grandie de cette leçon sous influences, mais fort peu renseignée.
en réponse à l’éditorial du Film français,
daté du 1er février 2008.
Un petit bleu sur le bras, et pour souffrance « un picotement », atteste réellement le certificat médical du directeur adjoint du MK2 Bibliothèque, soi-disant « agressé » par le Député-maire de Montreuil (93), lors d’une manifestation devant le multiplexe parisien le 26 janvier dernier. Un certificat établi (dans une urgence toute relative) 24 heures après la manifestation.
L’éditorial de cet hebdomadaire relevait bien, comme son titre l’indiquait, du « mauvais film ». Un « mauvais happening », de la violence, un élu qui « s’en prend à un directeur de salles… Du sang peut-être, des victimes ? Or, un huissier était là, bien avant le rassemblement, pour constater… l’absence totale de dégâts et de rares bousculades. La police arrivée plus tard a, quant à elle, fermé l’établissement après le départ de la foule partie jeter un peu plus loin (pour de faux, c’est du théâtre) « deux requins à la mer » dans une procession mise en scène par le spécialiste de la Comoedia dell’Arte, Carlo Boso. La fermeture ayant sans doute pour objet de prouver, malheureusement à contretemps, la gêne occasionnée par ces voyous de manifestants dont l’unique banderole, particulièrement agressive et manichéenne, indiquait simplement : « La banlieue aussi a droit à l’excellence » ! Enfin, deux portes ont été ouvertes pour que soient glissés, de l’extérieur, quelques ballons gonflés à l’hélium dans le hall du cinéma. Quelle horreur ! D’autant que les seuls slogans portés (sur des pancartes) par la foule étaient des citations anciennes de Marin Karmitz… contre les cartes illimitées, pour le pluralisme, contre l’hégémonie des circuits… Scandale !
La fiction produite par MK2 de débordements violents (contredits par toutes les images filmées par les manifestants) a cependant eu un impact très fort sur l’imaginaire de la rédactrice en chef du Film français, qui n’avait pas cru bon d’envoyer de journalistes couvrir cet événement. Un imaginaire que n’avait guère stimulé précédemment ni le risque réel d’abus de position dominante créé par l’alliance estivale entre UGC et MK2 pour la carte illimitée, ni le million d’euros exigé par UGC à Marc Bonny, directeur du Comoedia de Lyon, salle privée attaquée par les circuits dans le cadre d’un conflit éludé dans la synthèse 2007 dudit hebdomadaire (puisqu’il fallait réduire artificiellement les débats en cours, comme le souhaitent désormais UGC et la FNCF, au seul conflit entre salles publiques et salles privées). Le plus fort est ensuite de faire cohabiter ce sensationnalisme vecteur d’idéologie et l’apologie du « bon sens »… Cela dit, on a tout de même pu apprécier dans l’article la courageuse défense des grands circuits, qui, « en proie à une campagne de dénigrement systématique depuis 6 mois » (!), en avaient bien besoin. A ne pas manquer non plus dans le texte le souci manifesté pour « l’âme » menacée du Méliès et la tentative grossière de l’isoler des autres salles Art et Essai et municipales en leur montrant le « risque » qu’elles prendraient de « ternir leur image » en posant, aux côtés du cinéma de Montreuil, des questions sur les remises en cause récentes des aides publiques (locales et nationales) dans les champs de l’exploitation et de l’action culturelle. Vive le débat d’idées. Vive l'investigation journalistique.
« Qui a intérêt à mettre dos à dos salles privées et salles municipales ? », écrit Sophie Dacbert. Mais oui, c’est ça. Qui ? Comme c’est dommage : l’éditorial ne livre pas de réponse… Ni sur les raisons réelles et multiples des recours engagés depuis un an par les circuits. Quant à savoir si Le Méliès, salle abandonnée par UGC en 1986, comble aujourd’hui ou comblera demain, agrandi, un « manque de propositions de cinéma » dans cette ville de 100.000 habitants qui jouxte le récent UGC Ciné Cité de Rosny-sous-Bois (ce qui légitimerait son combat, selon la rédactrice en chef), ne comptez pas sur Le Film français pour vous le dire…
Il faudrait, pour cela, qu’il révèle que le troisième cinéma de France diffuse dans ses 15 salles près de 93% de films franco-américains, donc ne promeut guère la diversité, le risque ou l’exigence. Il faudrait convenir que 73 des 75 plus gros succès de l’an 2007 ont été projetés à Rosny en sortie nationale (on n’ose plus dire " programmés "), quand Le Méliès lui, n’en a choisi simultanément que 17, dont 9 étaient des films art et essai. Il faudrait admettre que les dirigeants de l’UGC de Rosny ne peuvent compter dans les séances du Méliès que 4% de séances communes avec les leurs sur toute l’année ! 4 %... Que le Méliès, en 2007, a invité 68 réalisateurs et ledit UGC aucun, que la salle de Montreuil a fait 72 débats avec des associations, a réalisé toute l’année un travail de formation du jeune public (40.000 entrées spécifiques). Soit la définition même de la « complémentarité » des équipements vantée par Sophie Dacbert ! Mais dire tout cela, reviendrait sans doute à participer à la campagne de "dénigrement systématique des circuits"… Tout comme contredire Marin Karmitz quand il affirme, en dépit du bon sens, que Les Méliès actuel et futur sont à 5 minutes en voiture de ses salles parisiennes aux heures d’ouverture des cinémas. Ce qui n’a d’autre objet que de faire pression sur la mairie de Paris en les menaçant de fermeture des MK2 Nation et Gambetta (lequel n’est pas évoqué une seule fois par ses avocats dans le texte même de son recours !). Un dernier chiffre : sur les 356 films diffusés par le Méliès en 2007, 286 n'ont été projetés ni à l'UGC Ciné Cité de Rosny, ni au MK2 Nation ! Diversité, complémentarité...
Autant dire qu’à l’heure actuelle, nul ne sait si « l’image » du " Film français " sortira vraiment grandie de cette leçon sous influences, mais fort peu renseignée.
Photos
En haut : MK2 BibiothèqueParis © Willvision Photography
Au milieu : Le Méliès à Montreuil © DR
En bas : UGC Cité Ciné la Défense ©UGC
En haut : MK2 BibiothèqueParis © Willvision Photography
Au milieu : Le Méliès à Montreuil © DR
En bas : UGC Cité Ciné la Défense ©UGC