posté par André Gomar
Président de l’association des cheminots cinéphiles
sur le blog de FASCiné – fédération des associations de spectateurs de cinéma
6 janvier 2008
Aidons les Utopia à se ressaisir !
C'est avec un certain étonnement et même une profonde tristesse que nous avons découvert la prise de position d'UTOPIA-ISF (ne vous méprenez pas sur le sigle, ISF signifie « indépendants, solidaires et fédérés » ; un clin d'œil ou un désir ?) sur les attaques d'UGC-MK2 contre le Méliès de Montreuil.
Etant président de l'Association des cheminots cinéphiles, ancien président de Cinéma Publicet membre du bureau de FASCiné (Fédération des associations de spectateurs de cinéma, dont fait partie l'ASCUT/UTOPIA), je m'étais dit qu'il valait mieux oublier ce dérapage malheureux.
Mais voilà qu'UGC attaque de nouveau et cette fois à Lyon, contre le Comoedia qui n'est pas a priori très « municipal ». Il s'agit bien d'une stratégie d'élimination programmée par les patrons d'UGC n'hésitant pas à employer tous les moyens, commerciaux, juridiques ou pressions exercées sur les distributeurs pour tuer les petits exploitants, qui si on examine bien les publics, ne les concurrencent quasiment pas ou très modestement.
Par ailleurs,une contribution très intéressante de l'ACID et la SRF à propos de la mission ministérielle « Cinéma et droit à la concurrence » m'incite à penser que nous ne pouvons pas rester silencieux et que nous devons agir.
Pour des Etats généraux du cinéma indépendants
UTOPIA devrait savoir qu'en 68 à Grenelle, il n'y pas eu d'accord mais un constat. Le patronat et le gouvernement voulaient en finir avec la plus longue grève de l'histoire, C'est une idée récurrente du Président de la République d'appeller à un Grenelle pour tout et n'importe quoi. Il suffit de voir où aboutit le pseudo Grenelle de l'environnement auquel même José Bové a cru au point de vouloir entamer une grève de la faim pour faire appliquer le moratoire promis sur les OGM.
Demander un « Grenelle » avec les exploitants serait suicidaire pour les indépendants, Il est évident qu'à chaque fois dans ce genre de rencontre les vainqueurs sont les gros possédants. En l'occurence ce seront Verrechia, Sussfeld et Karmitz qui empocheront (eux, ils doivent payer l'ISF, à moins d'une magouille type bouclier fiscal).
C'est en se regroupant et en s'unissant qu'on peut aider la création cinématographique.
Le rôle indispensable des salles indépendantes et municipale
s
« En s'attaquant aux salles indépendantes, les circuits scient la branche sur laquelle est assis le cinéma français » et le rapport de la SRF et de l'ACID continue, « aucune industrie(..) ne peut se passer de redynamiser son offre; trouver de nouveaux auteurs, de nouvelles écritures, de nouveaux sujets. »
Des salles qui travaillent sur la durée, qui laissent le temps aux films, qui invitent des réalisateurs (et des équipes de films) peu médiatisés et où de vraies rencontres entre professionnels et spectateurs ont lieu.
Il n'y a pas (ou bien c'est très marginal) de « festival paillettes » ou de consommations excessives d'avant-premières. UTOPIA se trompe encore.
Ce sont des moments forts de rencontres entre professionnels et spectateurs qui eux n'ont pas les moyens ni les entrées pour aller dans les vrais festivals-paillettes. Nous savons qu'il est parfois fastidieux et lassant pour des réalisateurs de parcourir la France pour des mini-festivals ou des avant-premières(avec parfois des échecs et peu de spectateurs) mais il faut qu'ils sachent que globalement leur venue permet à des associations ou à des groupes de cinéphiles de mieux se connaître, de mieux penser ensemble et les débats souvent continuent au-delà de la salle.
Je conseille aux responsables d'UTOPIA-ISF d'aller par exemple voir les avant-premières d'UGC Bercy. On fait venir le réalisateur et les acteurs connus, ils sont applaudis, puis ils repartent et c'est tout. C'est un peu comme au zoo. Mais il n'y a pas de temps à perdre, des films attendent : il faut rentabiliser. Pour avoir accepté d'animer un débat dans une salle de ce type pour défendre un film – d'un réalisateur peu connu, distribué par un petit distributeur et peu médiatisé –, je me suis rendu compte que c'était impossible avec un responsable de salle qui au bout de de 18 minutes de débat regarde sa montre et vous fait signe que ça a assez duré.
Pourquoi UTOPIA nous fait-il l'article d'UGC qui aurait exploité Promesses ou Il a suffi que maman s'en aille ?
On peut dire aussi qu'ils exploitent Ken Loach, Guédiguian ou Michael Moore. Ça ne leur pose aucun problème tant que ça rapporte.
Mais posons la question : où étaient-ils lors des premiers films des réalisateurs pré-cités? Considérés comme non-rentables, il ne s'agit pas de perdre ne serait-ce qu'une semaine pour des films qui ne peuvent intéresser qu'une poignée d'intellectuels et de surcroit cinéphiles. Les UGC-Ciné-cités programment certes des films art et essais. Mais c'est surtout pour faire pression sur les petits distributeurs et peser sur les salles indépendantes situées sur leurs « zones de chalandises »
Le crime absolu : les subventions ?
Ainsi UTOPIA n'aurait jamais rien touché ? Si c'était vrai, ils seraient bien bêtes car leurs amis, tout riches qu'ils sont, ne crachent pas dessus. Qu'ils demandent à M. Karmitz combien il a touché de la Mairie de Paris pour ses différents multiplexes. Et alors que le MEDEF touche des milliards d'euros de subventions, Verrechia et Sussfeld n'auraient pas droit au gateau? Il faut être naïf ou bien simplet pour gober de pareils sornettes.
Mais que toutes les salles étalent leurs comptes mais vraiment tous leurs comptes ! Et on verra si seules certaines salles municipales bénéficient « de véritables rentes de situations » comme le dit UTOPIA. On pourrait demander par exemple un cabinet d'expertises indépendant de la cour des comptes. Mais est-ce qu'UTOPIA serait d'accord?
Grace à ces subventions, quelles qu'elles soient ou d'ou qu'elles viennent, la France est un pays où il y a un maillage culturel du territoire et une diversité cinématographique unique au monde.
Il n'y a en fait que 370 salles municipales mais aussi 883 salles exploitées par des associations parfois bien subventionnées, parfois assez mal par les municipalités.
Mais elles sont controlées! Il serait bien de savoir qui bénéficie de rente de situation et s'il y a eu une étude pour évaluer si un élu (dans le cas de Montreuil) est le véritable bénéficiaire d'une opération qui « ne sert qu'à alimenter les tensions sur un marché (eh oui, pour Utopia nous ne sonmes qu'un marché) qui n'en a guère besoin. »
Et il faut arrêter le ridicule en disant qu'UTOPIA été le seul à s'opposer aux multiplexes et aux cartes-pass, etc. Ce n'est pas vrai, et même si cela était, ce n'est pas une raison pour les rejoindre et se soumettre.
Une proposition :
Il a été question un peu plus haut, d'états généraux. Il faudrait réunir :
pour la reconquête du public et rédiger une :
nous aimons trop le cinéma pour ne le laisser qu'aux mains des financiers et des industriels.
Etant président de l'Association des cheminots cinéphiles, ancien président de Cinéma Publicet membre du bureau de FASCiné (Fédération des associations de spectateurs de cinéma, dont fait partie l'ASCUT/UTOPIA), je m'étais dit qu'il valait mieux oublier ce dérapage malheureux.
Mais voilà qu'UGC attaque de nouveau et cette fois à Lyon, contre le Comoedia qui n'est pas a priori très « municipal ». Il s'agit bien d'une stratégie d'élimination programmée par les patrons d'UGC n'hésitant pas à employer tous les moyens, commerciaux, juridiques ou pressions exercées sur les distributeurs pour tuer les petits exploitants, qui si on examine bien les publics, ne les concurrencent quasiment pas ou très modestement.
Par ailleurs,une contribution très intéressante de l'ACID et la SRF à propos de la mission ministérielle « Cinéma et droit à la concurrence » m'incite à penser que nous ne pouvons pas rester silencieux et que nous devons agir.
Pour des Etats généraux du cinéma indépendants
UTOPIA devrait savoir qu'en 68 à Grenelle, il n'y pas eu d'accord mais un constat. Le patronat et le gouvernement voulaient en finir avec la plus longue grève de l'histoire, C'est une idée récurrente du Président de la République d'appeller à un Grenelle pour tout et n'importe quoi. Il suffit de voir où aboutit le pseudo Grenelle de l'environnement auquel même José Bové a cru au point de vouloir entamer une grève de la faim pour faire appliquer le moratoire promis sur les OGM.
Demander un « Grenelle » avec les exploitants serait suicidaire pour les indépendants, Il est évident qu'à chaque fois dans ce genre de rencontre les vainqueurs sont les gros possédants. En l'occurence ce seront Verrechia, Sussfeld et Karmitz qui empocheront (eux, ils doivent payer l'ISF, à moins d'une magouille type bouclier fiscal).
C'est en se regroupant et en s'unissant qu'on peut aider la création cinématographique.
Le rôle indispensable des salles indépendantes et municipale
s
« En s'attaquant aux salles indépendantes, les circuits scient la branche sur laquelle est assis le cinéma français » et le rapport de la SRF et de l'ACID continue, « aucune industrie(..) ne peut se passer de redynamiser son offre; trouver de nouveaux auteurs, de nouvelles écritures, de nouveaux sujets. »
Des salles qui travaillent sur la durée, qui laissent le temps aux films, qui invitent des réalisateurs (et des équipes de films) peu médiatisés et où de vraies rencontres entre professionnels et spectateurs ont lieu.
Il n'y a pas (ou bien c'est très marginal) de « festival paillettes » ou de consommations excessives d'avant-premières. UTOPIA se trompe encore.
Ce sont des moments forts de rencontres entre professionnels et spectateurs qui eux n'ont pas les moyens ni les entrées pour aller dans les vrais festivals-paillettes. Nous savons qu'il est parfois fastidieux et lassant pour des réalisateurs de parcourir la France pour des mini-festivals ou des avant-premières(avec parfois des échecs et peu de spectateurs) mais il faut qu'ils sachent que globalement leur venue permet à des associations ou à des groupes de cinéphiles de mieux se connaître, de mieux penser ensemble et les débats souvent continuent au-delà de la salle.
Je conseille aux responsables d'UTOPIA-ISF d'aller par exemple voir les avant-premières d'UGC Bercy. On fait venir le réalisateur et les acteurs connus, ils sont applaudis, puis ils repartent et c'est tout. C'est un peu comme au zoo. Mais il n'y a pas de temps à perdre, des films attendent : il faut rentabiliser. Pour avoir accepté d'animer un débat dans une salle de ce type pour défendre un film – d'un réalisateur peu connu, distribué par un petit distributeur et peu médiatisé –, je me suis rendu compte que c'était impossible avec un responsable de salle qui au bout de de 18 minutes de débat regarde sa montre et vous fait signe que ça a assez duré.
Pourquoi UTOPIA nous fait-il l'article d'UGC qui aurait exploité Promesses ou Il a suffi que maman s'en aille ?
On peut dire aussi qu'ils exploitent Ken Loach, Guédiguian ou Michael Moore. Ça ne leur pose aucun problème tant que ça rapporte.
Mais posons la question : où étaient-ils lors des premiers films des réalisateurs pré-cités? Considérés comme non-rentables, il ne s'agit pas de perdre ne serait-ce qu'une semaine pour des films qui ne peuvent intéresser qu'une poignée d'intellectuels et de surcroit cinéphiles. Les UGC-Ciné-cités programment certes des films art et essais. Mais c'est surtout pour faire pression sur les petits distributeurs et peser sur les salles indépendantes situées sur leurs « zones de chalandises »
Le crime absolu : les subventions ?
Ainsi UTOPIA n'aurait jamais rien touché ? Si c'était vrai, ils seraient bien bêtes car leurs amis, tout riches qu'ils sont, ne crachent pas dessus. Qu'ils demandent à M. Karmitz combien il a touché de la Mairie de Paris pour ses différents multiplexes. Et alors que le MEDEF touche des milliards d'euros de subventions, Verrechia et Sussfeld n'auraient pas droit au gateau? Il faut être naïf ou bien simplet pour gober de pareils sornettes.
Mais que toutes les salles étalent leurs comptes mais vraiment tous leurs comptes ! Et on verra si seules certaines salles municipales bénéficient « de véritables rentes de situations » comme le dit UTOPIA. On pourrait demander par exemple un cabinet d'expertises indépendant de la cour des comptes. Mais est-ce qu'UTOPIA serait d'accord?
Grace à ces subventions, quelles qu'elles soient ou d'ou qu'elles viennent, la France est un pays où il y a un maillage culturel du territoire et une diversité cinématographique unique au monde.
Il n'y a en fait que 370 salles municipales mais aussi 883 salles exploitées par des associations parfois bien subventionnées, parfois assez mal par les municipalités.
Mais elles sont controlées! Il serait bien de savoir qui bénéficie de rente de situation et s'il y a eu une étude pour évaluer si un élu (dans le cas de Montreuil) est le véritable bénéficiaire d'une opération qui « ne sert qu'à alimenter les tensions sur un marché (eh oui, pour Utopia nous ne sonmes qu'un marché) qui n'en a guère besoin. »
Et il faut arrêter le ridicule en disant qu'UTOPIA été le seul à s'opposer aux multiplexes et aux cartes-pass, etc. Ce n'est pas vrai, et même si cela était, ce n'est pas une raison pour les rejoindre et se soumettre.
Une proposition :
Il a été question un peu plus haut, d'états généraux. Il faudrait réunir :
- des associations de réalisateurs comme la SRF et l'ACID ;
- des distributeurs indépendants ;
- des directeurs de salles indépendantes (dont Utopia), municipales ou associatives ;
- des associations de spectateurs ;
- des représentants des pouvoirs publics (CNC, et térritoriaux) ;
pour la reconquête du public et rédiger une :
Déclaration des droits du cinéma français
nous aimons trop le cinéma pour ne le laisser qu'aux mains des financiers et des industriels.